Octave par BrTVS

Opus final d’une trilogie entamée avec Romance et Les Nouvelles vagues, Octave clôt l’histoire des amours contrariés et triangulaires de Vince, Marilyn et Octave. Chacun dans son coin évolue, change, se transforme, pourtant tous nourrissent les mêmes désirs : grandir, se sortir des méandres de l’adolescence et des premiers amours destructeurs. Sensation d’isolement d’autant plus renforcée que le roman traverse les différentes périodes de confinements ; retraçant ainsi le parcours d’une jeunesse volée dans son apprentissage de la vie et son besoin de sociabilité. En filigrane l’histoire de Lillian – le bully de Vince, lors de leurs années lycée – qui après avoir assumé son homosexualité se retrouve « à la rue », isolé, s’oubliant dans les soirées chemsex pour s’évader d’un réel qui ne lui apporte rien qu’une ouverture sur du vide ; vide que grossit ces soirées où rien n’est partagé sinon un abandon au sexe sous prods, où les corps ne se croisent que dans des vapeurs oublieuses sans jamais se rencontrer vraiment ; vide amplifié par son entourage qui le repousse, le stigmatise, ne lui laisse aucune perspective d’évolution, jusqu’au grand saut.

Volet le plus « adulte » de la trilogie (puisqu’il suit les trajectoires de ses personnages vers ce seuil), Octave est le portrait d’une adolescence flagellée (et auto-flagellée) qui refuse de se rendre, de renoncer à ses espoirs et ses besoins de liberté.

Le rythme de lecture entraînant apporte une souplesse et une respiration à des thématiques parfois pesantes, sans pour autant se départir d’humour et de recul critique.