Premier polar français au cœur d’une réserve africaine, Okavango de Caryl Férey traite de la préservation de la faune sauvage contre des braconniers aux méthodes connectées où la vie humaine n’est rien par rapport à leurs intérêts financiers.
Brins d’histoire
Okavango de Caryl Férey est un roman noir social avec une touche de romanesque qui débute par le meurtre d’un jeune homme retrouvé en plein cœur de la réserve Wild Bunch dirigé par l’énigmatique John Latham. Lui est un Afrikaner au passé de vétéran des guerres en Afrique.
Solanah Betwase, lieutenante Ranger, travaille au quartier général de la KaZa et démarre l’enquête.
La KaZa est une entité regroupant trente-six réserves d’une superficie comme la Suède basée sur 5 pays : Namibie, Angola, Botswana, Zambie et Zimbabwe. Un espace de protection des espèces sauvages naît de l’idée de Nelson Mandela. Solanah est originaire du Botswana.
Seth, son équipier est nubien. Toute leur équipe travaille à la préservation de la diversité de la nature.
La singularité d’une écriture
Bien sûr, chaque thème exploré avec une documentation poussée et argumentée par Caryl Férey est une dénonciation d’un fait, d’une situation injuste que rien ni personne ne semble vouloir et pouvoir changer.
Ici, en immergeant son nouveau polar en Namibie, Caryl Férey rappelle que l’histoire de l’humanité est née là et que les tribus San et Khoï ont toujours réussi à vivre en harmonie avec la nature.
Seulement l’argent facile et les superstitions ancestrales ont permis le développement de mafias mondialisées comme celle du Scorpion, braconnier aux pouvoirs considérables. Cette destruction crée un déséquilibre très inquiétant pour la survie de l’espèce animale et par voie de conséquence pour l’espèce humaine, elle-même.
Ici, ce sont les animaux sauvages qui sont l’objet de la bienveillance de Caryl Férey. Choix politique implanté dans notre actualité, pourrait-on lui reprocher ? Ce serait juste méconnaître son œuvre. Car, au cœur de l’immersion dans la sauvagerie africaine, Caryl Férey dénonce encore et toujours les sans-voix contre le profit mondialisé et la mainmise des trafiquants
Montée en puissance
La première partie pose le lieu magnifique de cette Afrique de légende qui berce nos imaginaires depuis si longtemps. Seulement, chez Caryl Férey, le pire côtoie le meilleur. La beauté des paysages et des animaux sauvages flirte avec le trouble des personnages que la lieutenante Ranger va rencontrer au fil de son enquête.
Puis, tout s’accélère avec des meurtres d’animaux où la barbarie ensanglante la couleur dominante de la savane. Des hommes meurent aussi d’une mort qui ressemble à s’y méprendre à des crimes déguisés.
Évidemment, rapidement Okavango devient un turn-over où les situations s’enchaînent à un rythme effréné sur les plus de cinq cents pages à dévorer.
Peu attirée par les documentaires animaliers, c’est peu dire que j’ai retardé à découvrir Okavango pourtant acheté dès sa sortie. Seulement, la sensibilité et la maîtrise littéraire de Caryl Férey m’ont encore complètement conquise. Forcément, les descriptions de paysages en présence de cette beauté animale resteront gravées. Et, bien sûr, Okavango nous rend vigilant sur ces trafics auxquels nous ne pourrons rester éternellement indifférents
Chronique illustrée
https://vagabondageautourdesoi.com/2023/09/27/caryl-ferey-okavango/