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Le texte :
Penny Harrington, avocate qui a déjà raté deux fois l’examen du barreau, un peu gauche de nature et empotée, est sous-employée dans un grand cabinet américain à porter les chaises et les cafés dans les salles de réunion jusqu’au jour où, à la recherche de chaises, elle se prend les pieds dans un tapis et renverse ce qu’elle transporte devant Linus Maxwell, richissime industriel aux conquêtes les plus extravagantes et célèbres les unes que les autres.
Surnommé Orgasmus Maxwell, ce dernier invite Penny à dîner. S’ensuit une relation entre les deux d’un genre très particulier. En effet, Penny sert de cobaye à Linus Maxwell qui est en train de créer une marque d’objets et d’onguents sexuels destinés à procurer un maximum de plaisir aux femmes, rendant les hommes parfaitement inutile.
Quels sont les buts de Linus Maxwell ? Quelles seront les conséquences du lancement de sa ligne de produit ? Qui pourra contrecarrer ses plans ? Quel est le passé de Linus Maxwell ? Qu’est-ce qui le relie à Penny et rend celle-ci si particulière à ses yeux ?
Il vous faudra aller voir par vous-même et lire cet excellent « Orgasme ».
Vous me direz : « Oui… espèce de pervers… tu lis un livre qui contient des scènes de sexe en essayant de nous faire croire que Chuck Palahniuk ça n’a rien à voir avec 50 nuances de Grey … ». Je vous répondrai : « Oui… Mais non… cela n’a effectivement rien à voir ! ». Et j’aurai raison.
Il n’est pas ici question de scènes de sexe gratuites. Le propos de l’auteur n’est ici visiblement pas de se livrer à une surenchère d’orgie sexuelle dans le but d’exciter le lecteur. Le traitement du sexe auquel il se livre procède bien du ressort narratif employé dans le but d’amener son lecteur là où il le souhaite. Et il le fait, qui plus est, non sans une certain dose d’humour, cynique bien entendu.
La première force du récit de Chuck Palahniuk est donc de parvenir à donner une cohérence inébranlable (ah ! ah ! ah !) à son histoire et il emporte avec lui ses lecteurs aux frontières du roman noir, de la science-fiction, de l’anticipation et de la réflexion sociale.
Il y a, à la lecture de nombreuses scènes de ce livre, une évidente filiation entre ce qui est décrit et, dans une vertigineuse visualisation des dites scènes à laquelle le lecteur est soumis en permanence, l’œuvre de Milo Manara. On ne peut s’empêcher de rapprocher fréquemment cet « Orgasme » du « Déclic » du dessinateur italien.
Ce texte de Chuck Palahniuk, le premier que je lis mais certainement pas le dernier, propose une réflexion sur le pouvoir : celui de nos pulsions sur notre raison, celui d’un être humain sur un autre ou sur tout un groupe, le pouvoir de la sexualité, le conditionnement par le plaisir des consommateurs/trices. Le plaisir justifie-t-il les moyens ? Ce texte invite enfin chacun à relativiser sa place, son rôle et son importance vis-à-vis de son entourage : à la fois futile et tellement essentiel. Tout ceci a pour effet de dévulgariser totalement la façon qu’a l’auteur d’aborder la sexualité sous tous ses angles.
Un avis clairement « ON » pour ce livre qui, selon d’autres avis parcourus par-ci par-là, marque le retour en forme de Chuck Palahniuk.