Comme tout le monde (ou presque), j'ai été introduite à l'univers de Dan Brown par le Da Vinci Code à une époque où la théorie du complot la plus en vogue était encore le 11 Septembre 2001 et où les historiens du dimanche se passionnaient pour les sociétés secrètes. Je crois dès lors que Dan Brown ne doit pas tant son succès à sa formule narrative qu'à l'époque à laquelle il s'est adressé mais c'est un autre débat. Je parle de "formule" parce qu'après avoir englouti tous ses ouvrages, force est de constater qu'il y a des ficelles et qu'aujourd'hui, elles sont usées.
Il serait aisé de terminer simplement ma critique en démontrant en quoi Origine n'est pas différent des autres romans ayant Langdon pour protagoniste. Il y a toujours une sidekick féminine, toujours un meurtre, toujours des organisations mystérieuses mais bien réelles qui tirent les ficelles dans l'ombre et toujours des courses poursuites interminables dans les bâtiments emblématiques d'une ville de renom. Surprenamment, je ne pense pas que le problème réside dans ces similitudes mais plutôt dans la tragédie de ces écrivain.e.s qui ne s'autorisent plus d'écarts créatifs et restent douloureusement prudents dans leur proposition.
Je suis sûre d'ailleurs que vous avez dix milles exemples et contre-exemples en tête à me proposer mais je trouve que Dan Brown est un cas formidable.
Avant Origine, il y a surtout Inferno paru quelques années avant et qui avait la lourde tâche de réparer le plantage total de Le symbole perdu n'ayant eu d'ailleurs, aucune adaptation filmique. Bien qu'Inferno le film soit discutable, le roman est à mes yeux le paroxysme du style de son auteur. Il est à la fois sombre et poétique, haletant et plein de rebondissement et se concluant d'une résolution "aigre-douce" si rare chez Dan Brown mais qui semblait ouvrir beaucoup de possibilités pour la suite.
Mais d'Inferno, il ne sera même pas mentionné le nom dans Origine comme si tout ce qui avait pu être écrit avant le Da Vinci Code n'avait tout simplement pas existé. Dan Brown aura même l'audace de le citer trois fois en note de bas-de-page, sans jamais évoquer le reste de son oeuvre alors qu'il aurait pu à maintes reprises. Cette revendication se ressent en permanence, comme si Origine n'était qu'une version expurgée du Da Vinci Code, remplaçant l'histoire par l'angoisse technologique d'un boomer abreuvé des espoirs de quelques gourous californiens.
Je m'y suis prise à deux fois pour terminer ce livre car, dès les premiers chapitres, il est facile de deviner sa direction et le suspens qu'il tente d'installer. Si je lui accorde de m'avoir surprise sur une chose, cette intrigue était si minable, si maladroite et mal amenée que je doute qu'elle soit réellement pertinente.
Peut-être que je ne suis plus vraiment impressionnée, mais il me semble en ayant parcouru les différentes critiques que ce sentiment est partagé. Origine s'imaginait approximativement retourner aux sources, mais sa tentative est bien trop prévisible pour convaincre de sa nouveauté.