Où atterrir ?
6.8
Où atterrir ?

livre de Bruno Latour (2017)

Dans son dernier essai, Bruno Latour fait de l'élection de Trump le symbole d'une prise de conscience. Les classes dirigeantes ne veulent plus diriger le monde, mais s'en extraire. Le Grand démantèlement de l'Etat de droit et de la solidarité va de pair avec la négation du changement climatique. Le progrès a été trahi par ceux qui ont compris que la planète n'était pas assez vaste pour partager la croissance. Tout l'enjeu consiste désormais à masquer la trahison des élites, que ce soit par le délire techniciste comme par le déni climatique, explique le complotiste zadiste Bruno Latour. Le progrès s'écroule et avec lui la promesse d'un monde commun. Confronté à leur seuls dénis, les tenants de la globalisation comme ceux du retour en arrière rivalisent d'irréalisme.
Le monde moderne n'existe plus. Le progrès est terminé. Nous sommes dans un monde postpolitique, sans objet, puisque chacun rejette le constat du monde que nous devons désormais habiter.
Il nous faut pourtant retrouver le sens du Terrestre, rappelle le philosophe. Nous faire une raison. Pour cela, nous avons besoin d'une recomposition politique, de dépasser le clivage droite/gauche autour de la valeur du Terrestre... Mais est-elle une valeur ? Il accuse rapidement l'écologie de n'y être pas parvenu sans voir la difficulté à trouver des valeurs quand les promesses de progrès et d'émancipation se recroquevillent, notamment face aux forces du marché qui ont toujours eut des valeurs fortes et claires. Les limites de la planète que nous devons habiter remettent en question ces perspectives de modernisation et d'émancipation, sans parvenir à nous proposer d'alternatives. Jusqu'à sa déterritorialisation, le capitalisme a été quoiqu'on en dise vecteur de progrès et d'émancipation. Ce n'est certes plus le cas et l'habitat d'un monde Terrestre sans perspective n'est pas très stimulant. Il invite la raison scientifique a basculer d'une vision mécaniste devenue insoutenable à une vision biologique qui seule pourra nous aider à habiter ce nouveau monde, à reconquérir le sol. Il tente un peu désespérément de trouver un sens où nous projeter encore. Pas sûr qu'il y parvienne vraiment.

hubertguillaud
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le 21 janv. 2018

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