Olivier Gloag démystifie la figure d'Albert Camus, dont les critiques dithyrambiques faite à ses œuvres dissimulent (mal ?) leurs inscriptions dans des idéologies politiques diverses mais précises. On comprend que les ambiguïtés camusiennes sont subtilement manipulées pour en escamoter la portée conservatrice, colonialiste et sexiste.
On assiste avec intérêt à la déconstruction de récupérations politiques permettant de servir le roman national d'une France au colonialisme humaniste. Récit qui bénéficie aussi bien aux sociaux démocrates qu'aux conservateurs.
Cela étant, Oublier Camus est truffé de jugements normatifs et d'analyses parfois capillotractées ayant notamment pour projet d'opposer au problématique Camus la figure plus respectable de Jean-Paul Sartre. Or, l'auteur, au delà d'un manque de rigueur scientifique, omet totalement d'aborder les points problématiques de l'existence de Sartre, et notamment son soutien à la pétition pro pédophilie cosignée avec Gabriel Matzneff.
Au contraire, Sartre est loué, et certains passages des textes de Camus sont utilisés pour démontrer avec plus ou moins de pertinence à quel point celui-ci serait obsédé par sa rivalité avec Sartre. De plus, les arguments de l'auteur sont parfois issus d'une interprétation assez douteuse tant les thèses défendues semblent advenir en amont des preuves permettant de les étayer. Y compris quand ces preuves sont assez faibles.
Il n'en reste pas moins qu'il est nécessaire de faire connaitre les points de vues colonialistes, sexistes et conservateurs d'un Camus bien trop mythifié, notamment pour mettre à mal les récits patriotiques. Mais il aurait été préférable de le faire sans convoquer la figure de Sartre avec autant de révérence.
4.5/10