Avec a Skeleton Road, McDermid nous contraignait à abandonner Karen Pirie dans un moment de détresse profonde. Phil, ex coéquipier et actuel amour de la vie de la détective, venait de se faire tuer dans l’exercice de ses fonctions. Le genre de fin qui vous font rager et enrager à l’idée de devoir attendre des mois avant de retrouver notre héroïne et de pouvoir constater dans quel état elle se trouve.
De fait, Pirie est à présent en piteux état. Portant le deuil de celui qu’elle aimait, notre détective vit au jour le jour, se réfugiant dans le travail et soignant ses insomnies à coup de longues promenades nocturnes. Bon pour sa ligne et sa santé physique, beaucoup moins pour son humeur et sa santé mentale.
McDermid n’a jamais eu peur de maltraiter ses héros ou ses héroïnes et nous présente donc une détective cassée mais toujours combative, ayant perdu son pilier, son soutien, l’homme qui l’aidait à dénouer les noeuds lorsque ses enquêtes piétinait, mais toujours bien décidée à faire justice. Même lorsque les affaires ne sont pas totalement les siennes. Et même, apparement, lorsqu’il semble ne pas y avoir de réelle affaire.
L’évolution du personnage est plutôt bien tournée et même si le processus du deuil de l’héroïne aurait peut être put être plus profondément creusée, il est bon de voir un personnage tel que Pirie dans la tourmente. Tout simplement parce qu’une femme forte ne peut véritablement l’être que si elle est confronté à des difficultés.
Les deux enquêtes sur lesquelles travaille l’enquêtrice sont plutôt bien tournée, et même si l’investigation sur son cold case initial peut manquer un peu d’intérêt, les enquêtes sur les morts de Gabriel Abbott de nos jours et de sa mère lorsqu’il était jeune viennent largement contre-balancer cela. Une double enquête qui, jusqu’à la fin, laisse les paris ouverts, ce qui me plaît toujours dans ce genre de livre.
Ma seule petite déception à vrai dire, c’est que l’on ne retrouve pas ici le côté « découverte du passé » que l’on trouvait dans les précédents volumes. Le sujet de l’IRA ou du show business dans les années 70-80 auraient put être plus développé et donner au livre cette couleur du passé et plonger le lecteur dans un monde qui peut parfois paraître lointain, mais cette fois ci McDermid centre tout sur les enquêtes et la manière dont Pirie remonte la pente. Deux points assez lourds qui ne permettait peut être pas d’en faire davantage sur le passé, mais c’est une chose que j’appréciais dans les autres volets et que j’ai été un peu déçue d une pas retrouver ici.
Côté style, McDermid ne perd rien de son talent. Avec la série des Tony/Carol et des Pirie, l’auteure se montre sous sa meilleure plume pour le plaisir des lecteurs.
Out of bounds ne restera certes pas mon McDermid préféré, mais il est de loin dans la partie haute du panier et se dévore, comme on en a maintenant l’habitude avec les livres de l’auteure, avec un grand plaisir.