Incontournable Octobre 2022
Il y a peu de temps, nous recevions le roman "Show devant", lui même précédé du roman québecois "Cyndi et moi", deux romans intermédiaires qui mettent en lumière la profession de la Drag-Queen. Les romans ado québecois "Baby Boy" et anglais "Boy Queen" ont été mes premiers romans pour les plus vieux. Il ne restait donc que le premier cycle primaire a être représenté , mais avec "Papa est une princesse", c'est chose faite! Yeah!
Narré au "je", la narratrice nous invite chez elle, alors qu'elle espère voir comment l'un de ses papas arrive à se transformer chaque jour en princesse. La demoiselle est persuadé qu'il y a une fée marraine impliqué dans cette fabuleuse métamorphose de couleurs, de robes et de paillettes. Elle surprend donc son père en lui demandant si elle peut rencontrer la fée, pour aller au bal elle aussi. Papa consent a amener sa fille, a condition que Dada les accompagne. Direction: un festival en pleins air! Grâce aux soins de Dada pour ses cheveux et à sa plus belle robe - celle avec une grand boucle devant - les voilà en route pour le "château" grâce au "carrosse en forme de citrouille". Tandis que Papa va se préparer derrière la grande scène dans la cours du palais, Dada et la jeune fille prennent place dans l'assemblé. Quand la première a se produire monte sur scène, la fillette a l'impression de rencontrer enfin la fée marraine, puisqu'elle a des ailes dans le dos. Puis vient le tour du papa, qui chante et chante. Pour reprendre ses mots: "C'est féérique! C'est magique!" Après le spectacle, elle va même visité les loges ( le "château") où se réunissent les princesses pour se préparer. Sous ses yeux, la princesse redevient progressivement son papa, avec l'aide de démaquillant. le papa explique que ces spectacles sont du Drag et que c'est son travail. La jeune fille se dit qu'être princesse chaque jour est fabuleux et souhaite même faire la même chose plus tard. Elle prend la route dans sa "citrouille" redevenue le véhicule couleur d'orange et se dit qu'il suffira d'un autre coup de baguette pour que toute cette magie opère à nouveau.
On amalgame ici l'idée du conte de fée avec la profession du Drag. On le voit dans le texte, mais surtout dans les images. La demoiselle associe la transformation colorée de son père à celui d'une princesse. le véhicule familial est dépeint comme un carrosse en forme de citrouille au début, puis reprend sa forme d'origine à la fin. le "palais" est en réalité le coin des loges et la fée marraine, une autre Drag-Queen. Les deux réalités se chevauchent donc. Pour la jeune fille, la profession de son père est comparable à un conte de fée, surtout avec le look de ce dernier, avec ses cheveux rose barbe-à-papa, son phare à paupière arc-en-ciel, sa robe à volant bleue ciel et ses accessoires voyants.
Ce qui est vraiment beau est le degré d'émerveillement du personnage pour son père. On le voit d'emblée sur la couverture, dans l'expression admirative de son visage et la position de ses mains, qui forment un coeur. Et il a de quoi, quand on connait minimalement cet univers hautement coloré, audacieux et dans un sens positif, très excentrique. le Drag, c'est une profession qui demande d'être très polyvalent: coiffeur, maquilleur, danseur, habile à faire du lip-sync, humoriste et même improvisateur. Surtout, c'est la surenchère des paillettes, des couleurs et du spectacle. Une profession qui semble exploser sur scène et qui assurément, mérite une reconnaissance. C'est particulièrement vrai dans le regard de l'enfant, bien moins jugeant que l'adulte, et dont la naturelle curiosité les rendent aussi plus aisément émerveillés. Surtout pour nos petites et petits amatrices et amateurs de princesses! Ce qui est aussi perceptible ici, c'est la tendance assez rependu des enfants à admirer leurs parents.
Le visuel aide vraiment beaucoup l'histoire a se profiler, surtout en raison de son récit mi-réel mi-imaginé. La couverture est fabuleuse avec son fond floral rosé extrêmement doux, ce grand miroir ouvragé et ces deux personnages attendrissants. Un écho de l'univers des contes, d'ailleurs, avec le miroir de Blanche-Neige qui renvoie à l'idée de la beauté. Ça me fait tellement plaisir de pouvoir voir le mot "papa" et "princesse" réunis, et que ce papa puisse être qualifié de "beau". On parle très rarement de la beauté des papas, et pratiquement jamais avec des attributs encore associés aux femmes. Les illustrations sont très colorées, chimériques par moment, à cheval entre le conte et le monde réel. J'aime le fait que le noir soit traité comme une couleur, non pas comme un contour- qu'il n'y a d'ailleurs pas. Les personnages sont de diverses origines ethniques. Bref, douceur, couleurs, rêveries et jolies choses sont mis à l'honneur.
Un livre craquant qui, je l'espère, contribuera à valoriser la profession du Drag, offrira une représentation de l'homoparentalité sans que celle-ci soit l'enjeu de l'histoire et qui devrait, en principe, illustrer le fait que les hommes aussi font de superbes princesses de conte de fée.
Pour un lectorat à partir du premier cycle primaire, ( 6-7 ans).