Bien décidé à passer à autre chose, à se reconstruire une nouvelle vie, au calme, loin de Paris, Sacha s’installe dans un modeste appartement situé une petite ville du sud de la France. Par hasard, il retrouve un ami avec lequel il a fait de l’autostop par le passé et qu’il na pas revu depuis près de 20 ans. Ce dernier, qui continue à parcourir les petites routes de France, allant au hasard des villes et des rencontres, l’invite chez lui et petit à petit une complicité s’installe entre Sacha, l’auto-stoppeur, mais aussi Marie, l’épouse, et Augustin, l’enfant de ce dernier. Mais Sacha comprend que son ami a toujours ce besoin irrémédiable de quitter les siens pour partir sur les routes, monter dans la voiture d’automobilistes accueillants et ainsi découvrir des lieux plus ou moins pittoresques, laissant Marie et Augustin, et désormais Sacha, seuls dans l’attente de cartes postales et de photos que l’autostoppeur enverra au fil de ses périples.
"Par les routes" est un roman étrange dans lequel les personnages n’agissent et ne réagissent pas toujours comme on l’entendrait, créant parfois un étonnement, une frustration chez le lecteur et même un décalage avec la réalité telle qu’on peut la concevoir.
Dans ce livre il est question d’amour, d’absence, d’amitié, de doute mais aussi de renoncement et de liberté. Chacun fait des choix de vie différents. L’autostoppeur, lui, continuer de marcher, de dormir au bord des routes, attiré par l’inconnu, fuyant la monotonie du quotidien au risque de perdre ceux qu’il aime et qui se lasseront un jour d’attendre son retour.
Avec son écriture précise, fluide, parfois singulière et en tout cas très soignée, Sylvain Prudhomme dresse le portrait de personnages complexes avec une bienveillance incroyable, une douceur assez rare qui les rendent très vite attachants et même bouleversants au final. Car il y a comme une forme de lâcher prise chez Marie, Sacha et l’autostoppeur, ces trois adultes qui composent un drôle de trio plus ou moins amoureux dans lequel on s’incruste sans voyeurisme mais avec curiosité.
Par les routes est un roman d’ambiance, assez linéaire, parfois un peu monotone, où l’action et les rebondissements ne sont pas les principaux moteurs d’un récit malgré tout très riche, rappelant par moment, dans son écriture, certains auteurs « Minuit », avec cette manière si caractéristique de décrire et de décortiquer des petits gestes du quotidien.
Un roman très agréable dont la petite musique infuse en vous longtemps après avoir refermé le livre.
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