J'aime bien le style de Jean-Paul Dubois. Comme son nom passe-partout, cet auteur a une écriture qui fait la même chose, mais avec une force débonnaire, comme portée en avant par sa fausse évidence. Qu'on pense au titre de son très bon "Tous les matins je me lève" , chouette bouquin sur la vie d'un auteur, justement. Ici pas de roman mais une série d'aphorismes, de pensées, de réflexions et parfois même de quasi réflexes, sur tout et n'importe quoi, la vie d'une mouche, le regard sur sa femme, ou la mort de son père. Entre Beckett et Desproges, en effet...
Il est parfois difficile de dire si on aime ou pas, car des maximes, on en inventera toujours des bonnes et des mauvaises, pourtant je trouve que celles-ci individuellement ou prises dans leurs échos entre elles (il y est question de soi, du couple...), font mouche dans l'ensemble, colorées qu'elles sont par un flegme olympien secoué d'un humour parfois féroce. Une chouette lecture épisodique donc.
Je vous en cite deux au hasard:
Ce matin le facteur a sonné à ma porte. Il avait deux paquets à me
remettre. L'un contenait un livre, l'autre une boite de chocolats.
J'ai rangé le premier dans la bibliothèque sans même l'ouvrir. J'ai
mangé les seconds jusqu'au dernier.Ensuite j'ai été malade comme un chien. Entre deux nausées je suis allé feuilleter le livre. Il
commençait ainsi : "Ce matin là le facteur sonna à sa porte. Il avait
deux paquets à lui remettre." Je n'ai pas insisté. Je connaissais la
suite.
Ou encore :
Ce soir en faisant ces courses, elle a interrogé l'épicier chinois
pour savoir si c'était pas trop gênant d'avoir les yeux bridés "vu
qu'on voit moins de choses forcément , puisque la fente est plus
petite." Le lendemain, je demandais le divorce.
Voilà, une bonne lecture donc, pour compléter sans doute plus que pour découvrir, un auteur très intéressant. ;-)