Paris, ville-machine qui dévore, écrase, broie...
Paris au XXème siècle est une oeuvre assez peu connue de Jules Verne, et malheureusement on comprend pourquoi. Vous n'y trouverez aucune aventure trépidante à la Vingt mille lieues sous les mers, Voyage au centre de la terre ou encore le Tour du monde en 80 jours. On suit un personnage plutôt ennuyeux, qui appartient à la dernière race des rêveurs et artiste qu'on peut encore trouver à Paris en 1960. Quelques hurluberlus comme lui l'entourent et forment une résistance molle et silencieuse. Les artistes, les poètes, les musiciens, les écrivains ont tous disparus ou presque, Paris les a dévoré sous ses infâmes mâchoires dentelées.
Le seul vrai intérêt de la lecture de cette oeuvre est son caractère visionnaire sur l'industrie et les technologies. Jules Verne nous parle déjà, avec 150 ans d'avance, de voitures qui rouleraient à l'hydrogène et pourraient se recharger à des bornes disposées en ville, un métro aérien à air comprimé, des lampadaires publiques électriques etc. CA c'est impressionnant! Malgré ces grandes innovations, l'industrie est pour Jules Verne, un véritable fléau qui a entraîné la perte de toute culture de qualité (dans les arts, la littérature, la musique etc.). Paris est une machine industrielle qui broie les hommes (et leurs âmes), silencieusement, tranquillement, inexorablement...
Les commentaires de Hetzel concernant son refus de publier cette oeuvre de Jules Verne résume très bien toutes les faiblesses du livre... Hetzel écrit : "C'est la littérature seule qui me blesse - inférieure qu'elle est à vous-même presque à toutes les lignes." "Si je m'étonne c'est que vous ayez fait d'entrain et comme poussé par un dieu une chose si pénible, si peu vivante..." "Je regarderais comme un désastre pour votre nom la publication de votre travail". Ce manuscrit fut donc rangé au placard avant d'en ressortir 131 ANS APRÈS, date de sa première publication (soit en 1994).