Le récit tient à une épure, à une esquisse d'un épisode de la vie de Michel-Ange : sa venue à Istanbul pour réaliser pour le sultan Bajazet un pont sur le Bosphore. On peut dire que c'est là "l'anecdote" historique. De là se disperse des odeurs, des impressions d'Orient, le trouble des genres et des passions, des morceaux de comptes, des morceaux de vie, des personnages tenant à la légende. Car tout cela est très aérien : récit court (150 p.) chapitres courts (2 p.), thèmes variés, jusqu'à l'évanescence...
Car finalement la lecture ne laisse pas d'impression forte, tout n'est précisément qu'esquissé. D'aucuns diront "quelle belle adéquation du style à son sujet..." Certes, mais on regrette que cela reste "anecdotique". Pas de fautes de goût mais sans génie non plus. Un coup dans l'air après l'exercice de style de "Zones" ? A voir. Pour l'instant on préférera même l'histoire d'une grecque de l'Abbé Prévost pour goûter de l'orientalisme et de la Porte des Janissaires...
Ce qui m'a frappé c'est cette tendance moderne de ressortir des gouffres de l'histoire-fiction tout une littérature (même si là c'est plutôt bien argumenté et documenté), penchant qui a connu bien des déboires ("Le débat" encore récemment...). Ah, on voudrait que Michel Ange, en plus de la sculpture, de la peinture, du dessin, de l'architecture, de la poésie, ait pratiqué l'auto-fiction. Faute de quoi on lui invente son auto-fiction... Ah...