Istanbul.
Ville des deux continents. Ville du mélange des cultures. De la rencontre des peuples et des religions. Ville façonnée par les innombrables artistes qui y ont laissé leurs traces.
Cette ville garde cette identité unique de nos jours.
Il y a deux erreurs à ne pas commettre au sujet du roman de Mathias Enard :
1°) l'action se déroule au début du XVIème siècle, mais on y parle du monde actuel
2°) même si l'histoire semble tourner autour de Michel-Ange, il est évident que le personnage principal, c'est Istanbul.
Cette Istanbul que découvre Michel-Ange, convoqué par le sultan Bayazid (notre Bajazet : voir la pièce de Racine ou l'opéra de Vivaldi) pour élaborer les plans d'un pont au-dessus du Bosphore. L'artiste se promène dans les rues, tente de s'imprégner de la ville, de son atmosphère si particulière. On comprend très vite que ce pont n'est que très secondaire (on en parle d'ailleurs très peu dans le roman).
Et voilà que ressurgissent des thèmes actuels : la soumission des artistes au monde politique. La possibilité de faire cohabiter différentes religions. Le processus de création artistique lui-même (Enard insiste sur ce fait : cette histoire est anecdotique, mais elle marquera toute l'œuvre de Michel-Ange).
Le mélange de réalité et de fiction est passionnant et déroutant.
Un roman court, nettement plus simple à lire que Zone mais, par moment, bien moins intéressant aussi.