« Pars vite et reviens tard » est une nouvelle aventure du commissaire Adamsberg qui, venant d’être nommé à la tête d’une nouvelle antenne de la police criminelle, se retrouve confronté à un semeur de peste en plein Paris.
J’apprécie beaucoup le personnage du commissaire Adamsberg, anti-héros assumé, ainsi que le style de Fred Vargas sans pour autant être un inconditionnel pur et dur. Je n’ai lu, dans cet ordre, que « l’armée furieuse » puis « quand sort la recluse ». J’ai choisi cet opus du fait de sa note élevée sur SC et de la présence de la peste, sujet de prédilection pour toute médiéviste qui se respecte.
J’aime le coté perché, foutraque et poétique du style de Vargas, notamment à travers le personnage d’Adamsberg qui permet d’intégrer des éléments loufoques en décalage avec l’univers classique des polars, à l’image de ceux de Donald Westlake dans un autre genre. J’aime la fraicheur apportée par cette absence de logique implacable et l’évitement de nombreux poncifs inhérents au polar, même si je peux comprendre que les facilités et raccourcis liés à son mode de résolution des enquêtes peuvent agacer fortement certains amateurs de polars qui prennent leur plaisir dans la tension induite par l’enquête, sa construction puis sa résolution.
Même si la fantaisie est bien évidement omniprésente notamment à travers la maison Decambrais et ses différents occupants, le personnage de Joss Le Guern, la vie dans la maison de l’expert médiéviste etc.. je la trouve assez fade, moins drôle et poétique que dans les deux autres livres que j’ai lu. Je trouve que sa galerie de personnages est plus étriquée, moins originale malgré la découverte de la brigade pourtant propice à la découverte de personnages (qui deviendront excellents dans les ouvrages suivants) et à la mise en place de scènes cocasses. La vie de la brigade est assez peu animée alors que pour moi elle constitue un personnage à part entière.
Globalement, je trouve le début assez poussif et l’histoire beaucoup moins touchante et sidérante que celle de « Quand sort la recluse » par exemple. Elle de manque de force, de souffle et d’amplitude. Ce qui me gêne, c’est que je ne comprends pas réellement l’intérêt de l’utilisation de la peste.
Elle est désamorcée en cours de route pour brouiller les cartes, pour amener assez artificiellement, une conclusion à tiroirs assez évidente. Je trouve que Vargas fait perdre de l’impact à son récit par ce geste alors que cette peur ancestrale, injectée dans notre modernité, insufflait une réelle tension à travers un début d’hystérie collective et la pression mise sur Adamsberg.
Au final, je suis un peu déçu, j’étais en train de gentiment tomber amoureux de la série des Adamsberg, et là je crois que je viens de me faire poser un lapin. Rien de grave, je suis persévérant, et l’envie de retrouver Danglard, Retancourt, la boule (sur sa photocopieuse) et les limbes salvatrices d’Adamsberg demeure plus forte que cette déception !