J'ai l'impression que si on n'a jamais vécu cette attente de l'autre, cette passion qui nous dévore et nous attache à l'autre, il sera difficile de comprendre ce texte.
Perso, ça m'a replongée dans une époque lointaine où tout tournait autour d'un homme, que j'attendais entre chaque rendez-vous... alors forcément les mots d'Annie Ernaux qui disent l'attente, le désir, le déséquilibre qui est raconté implicitement, oui ça me touche.
Evidemment, autant dépendre de quelqu'un, ne plus exister par soi-même, ça met mal à l'aise ceux qui nous regardent de loin, ceux qui ne ressentent pas avec autant d'intensité le besoin d'être avec l'autre. C'est peut-être pour ça que d'autres n'ont pas aimé ce texte.
Evidemment, avec le recul, avec les années, on se dit "quelle perte de temps, quelle perte d'énergie, regarde tout ce que j'aurais pu faire de ma vie si je ne l'avais pas passée à attendre cet autre"... et pourtant, dans cette attente, il y a quelque chose de l'ordre de la vie, de la destruction d'un soi pour tendre vers une autre forme de soi, une vie ralentie mais une vie vécue sous de multiples facettes.