D'abord admiratif du style inventif de l'écriture de Chloé Delaume, bien que guère convaincu par l'image pour moi forcée du puzzle de souvenirs étalés sur sa tablette dans le train, j'ai déchanté au bout d'une cinquantaine de pages.
Clotilde, la cinquantaine, dont se sert la romancière pour raconter sa propre histoire, a subi à l'âge de dix ans le traumatisme d'assister au meurtre de sa mère par son père suivi du suicide de ce dernier. Cette écrivaine bipolaire, éperdument éprise de Guillaume qui vit depuis des années avec un homme, décide de revenir sur ce qui l'a conduite à cette situation le temps d'un voyage en train vers la romantique Heidelberg, si chère à Goethe. Guillaume évoluant quuant à lui dans le monde du cinéma, on aura vite compris que le sujet de "Pauvre folle" n'est pas destiné à toucher un vaste public. Au cas où certains lecteurs dont je suis ne l'auraient pas intégré, Chloé Delaume ne se fait pas prier pour le leur signifier davantage en avançant dans une introspection de plus en plus brouillonne. Le pompon revient au chapitre "Petite typologie du mâle hétérosexuel post #MeToo" dans lequel elle en appelle aux délicates Sandrine Rousseau et Alice Coffin pour mieux stigmatiser ceux qu'elle baptise élégamment de "couillidés".
Lorsque je parviens à la moitié d'un roman, j'ai pour habitude de le terminer et c'est là la raison du calvaire que je me suis imposé pour venir à bout d'un texte habilement présenté par la quatrième de couverture mais qui m'a terriblement ennuyé.