Voyage temporel sans paradoxe...
Pour une fois qu'un auteur contemporain français reconnu par le "grand public" s'intéresse et s'essaie à la science-fiction, cela ne peut qu'interpeller. Quand il s'agit d'Amélie Nothomb, encore plus.
De fait, la romancière des très drôles et attachants "Métaphysique des tubes" et "Biographie de la faim" a écrit un autre livre d'inspiration SF: "Acide sulfurique" (postérieur d'ailleurs à Péplum) qui montrait une émission de téléréalité fondée sur les camps de concentrations. Ce magnifique roman parvenait, avec une grande économie de moyen, à nous transmettre l'horreur de la lâcheté et du voyeurisme humain.
Dans "Péplum", la même économie de moyens est nettement moins convaincante, et même souvent décevante. L'espace est encore plus restreint que dans "Hygiène de l'assassin". On n'a ici que deux personnages, pas de décor, et quasiment que des dialogues.
Quant à l'histoire elle se résume ainsi : parce qu'elle a évoqué le fait que l'éruption du Vésuve qui a enseveli Pompéi pourrait ne pas être accidentelle, l'auteur (A.N.) se trouve happée au 26ème siècle. Elle y est tenue prisonnière par un savant (responsable de l'éruption).
Les 150 pages de dialogues sont l'occasion de passages très forts du point de vue du style comme des idées (particulièrement sur le Sud), mais ces moments brillants peinent à permettre au lecteur d'accrocher à ces deux personnages assez désincarnés.
En outre, même si son propos n'était sans doute pas là, Amélie Nothomb ne se préoccupe absolument pas du paradoxe temporel du savant qui prétend avoir "créé" Pompéi en découvrant par lui-même l'existence de cette cité, et en provoquant l'éruption depuis le 26ème siècle, alors que la ville engloutie sous les cendres était forcément connue de longue date, puisqu'il avait provoqué l'événement dans un lointain passé.
Reste quand même, pour les amateurs du style d'Amélie Nothomb, des moments de plaisir réels.