J'ai beau chercher, je ne trouve pas l'ouvrage original dont est issu le texte, "pour la première fois traduit en français", comme présenté par la maison d'édition. De plus, on y trouve quelques incohérences de mise en page et des typos qui me laissent un peu méfiante. Ceci étant dit, j'ai adoré cette lecture.
Albert Hofmann, sans pour autant apporter de grande révélation sur la Nature du Réel (en tout cas pas moins que beaucoup de chercheurs de haut niveau, et pas plus que de grandes doctrines de la spiritualité), m'a régalé de ses réflexions sur la réalité et la petite lorgnette par laquelle on la perçoit.
Ne vous attendez pas à ce qu'il parle de sa découverte du LSD (il me semble que le terme n'est même pas évoqué) mais forcément, on peut relier cette expérience fondatrice avec ses réflexions philosophiques et mystiques. Il part de son travail de chimiste pour réexpliquer les bases du monde matériel, tout en montrant les ponts qu'on élude, avec le monde intérieur, mais aussi le monde spirituel. Plus que des ponts d'ailleurs, la démonstration d'Hofmann montre que l'Un est le Tout, que nous sommes la Nature et le Créateur, le Récepteur et l'Emetteur, que l'Infiniment Petit se répond en analogie à l'Infiniment Grand et que notre réalité intérieure est tout autant La Réalité qu'une Réalité parmi d'autres. Je suis toujours stupéfaite par la convergence perpétuelle de tous ces traits de sagesse parmi les scientifiques déistes, du fondement de chaque religion vers un déisme (si on enlève le décorum) qui relève du bouddhisme.
Les petits essais s'égrènent et se lisent rapidement, empreints de sagesse et de mysticisme (on reconnaît bien sûr les mêmes révélations que le bouddhisme apporte), mais peu de liant entre les sujets : vous découvrirez donc une réflexion sur le sens de la propriété, différent de la possession (le jardinier possède le jardin du propriétaire, que c'est beau !), le fonctionnement émission/réception qui structure la réalité (mindblowing assuré) ou encore une critique philosophique pleine de bon sens sur l'énergie nucléaire déployée sur Terre. L'ouvrage se termine par des aphorismes sans prétention, où on ressent tout l'humanisme d'Hofmann. Ah, si on m'avait présenté la chimie de cette façon au lycée, sûre que ça n'aurait pas été ma matière détestée... Quand un chimiste vous donne envie de vous mettre à la méditation, alors vous en concluez que le monde est plus grand que ce que vous en percevez grâce à vos sens !