Avide de découvrir au possible la littérature japonaise sous différentes formes, j'ai sauté volontiers dans ce petit livre dans cette magnifique petit collection Folio. Un auteur que je ne connaissais pas, mais dont le thème de l'errance m'a plu de suite. Je suis rapidement étonné qu'il ne s'agisse ni d'un récit ni d'un essai, mais de tranches de vies liées au thème de l'errance après une introduction empruntée à Kurosawa .
Entre hommage et pompage, le spoiler semble très occidental
Mizubayashi a ce petit défaut de raconter les éléments qui lui ont plus, certes pour mieux les expliquer, quitte à retirer la force de l'oeuvre de celui qui n'aurait pas vu ou lu celle-ci. Ainsi, assurez vous d'avoir regardé La Condition de l'homme, Yojimbo, Les Sept Samourais, et d'avoir lu La Nouvelle Heloise, ainsi que Le Mariage de Figaro pour profiter pleinement de ce petit bijou. Car malgré ces emprunts conséquents et ses longs passages retraçant une vie tantôt poignante, tantôt gênante mais toujours écrite de sorte à s'intéresser aux thématiques. Car, que ces passages sous formes de courtes nouvelles intéressent le lecteur ou non, Mizubayashi reste dans cette optique de donner une utilité, un fil conducteur à ces épisodes qu'il nous expose de manière très détaillée.
Dans ces épisodes, l'auteur semble insister, notamment dans les passages liés à l'enfance, pour pousser le lecteur à s'identifier. Alors que l'effet inverse est produit, et que les épisodes les plus forts sont finalement ceux ayant le moins d'informations, et où l'auteur va droit au but dans un schéma où la description est majeure et tend vers une conclusion de l'épisode par une parole d'un personnage. Des paroles fortes qui brisent ce long silence ayant préparé le lecteur à être sensible à ce choc bref, mais efficace.
Voyage au centre de Perdition
Bref et efficace, c'est un résumé de ces 130 pages. Suite aux dizaines tranches de vie plus ou moins intéressantes, l'auteur se focalise sur divers faits de sociétés (Fukushima a eu lieu un an auparavant) et multipliera les études de l'errance, son rôle dans la société, s'attardera sur quelques faits linguistiques entre le français et le japonais. L'auteur se veut porte parole de la vérité et témoigne de l'inaction, du manque d'étonnement des populations. Analyse d'une société qui tend à se déshumaniser. On pourrait, de cette manière, se demander où est le rapport à l'errance, et si en si peu de pages la pertinence des propos est avérée. Et c'est bien ce qui fait que ce petit carnet de voyage passant d'une réflexion à un souvenir, menant à une autre réflexion, organisée de telle sorte à se construire autour d'un même thème m'ait autant plu.
Mizubayashi développe l'errance sous des formes que je ne m'étais pas imaginé. L'errance par la lecture, par l'écoute, par le désire, par la colère. Les sentiments et la culture semblent jouer un rôle primordial. Le tout dans une organisation parfaite, et reste, 5 ans plus tard toujours d'actualité pour ses faits, et universel dans les réflexions et études réalisées. Si on reste loin du chef d'oeuvre, il s'agit là d'un éloge bien trop méconnu du public - alors que cette collection à cet atout de rendre ces œuvres brèves accessibles à tous.