Premier siècle de la photographie

Digression érudite autour du médium qui bouleversa notre rapport à la réalité. L'essai est écrit en 1931 mais nombre des observations de Walter Benjamin ou recueillies par lui (les citations représentent une bonne moitié du texte) n'en demeurent pas moins actuelles voire visionnaires. En particulier, à propos de la citation de Brentano "un photographe de 1850 est à la hauteur de son appareil", le pari pessimiste de Benjamin affirmant que ce pied d'égalité n'est pas près de se reproduire, apparaît chaque jour que la technique se développe plus sensé. Benjamin prévoit aussi une multiplication exponentielle des "clics" photographiques en toutes occasions (tout est susceptible de devenir "une proie de l'objectif") et cite Lichtwark à propos du rôle essentiel que prend l'égo (en bref, il voit venir les selfies). Il va jusqu'à évoquer les codes de l'image, qui à l'avenir, seront plus important que la possession d'une grammaire linguistique. L'idée qu'une photographie nécessitant un certain temps de pose donne un résultat supérieur à la photographie prise sur le vif, en une fraction de secondes, parce qu'elle réalise la synthèse des traits d'un individu alors que la seconde est le produit d'un hasard, d'un instant dans lequel ne s'insère pas la vie de l'individu, me semble également très juste.

Un livre fait de nombreuses remarques pertinentes et d'autres qui le sont moins. Le mot d'ordre ? Dégager l'objet de son aura.