Estampe littéraire
Chaque lecture d’un livre de Yoko Ogawa m’apporte toujours un plaisir nouveau. Le musée du silence, La marche de Mina, Parfum de glace, Le petit joueur d’échecs, Les tendres plaintes, autant de...
Par
le 2 mars 2016
4 j'aime
Une histoire étrange et fragile, comme sait si bien les raconter Yôko Ogawa. Une histoire de liberté, d’amour et de solitudes. Une histoire d’oiseaux, ces drôles d’oiseaux que nous sommes si souvent.
Des petits oiseaux dans la volière. Des gazouillements discrets sautillant d’un perchoir à l’autre. Et qui couvent les songes d’un envol impossible tant la captivité est souvent un nid difficile à quitter.
C’est donc la vie silencieuse et minuscule d’un homme qui s’efface plus qu’il ne se dessine au fur et à mesure du récit. Une vie étriquée dont la solitude s’articule soigneusement autour de rêves à l’envergure majestueuse.
L’histoire s’ouvre sur la mort du personnage principal. Plane alors l’ombre d’un mystère qui n’aura jamais vraiment sa résolution. Mais le coeur du récit c’est essentiellement ce quotidien séraphique qui suit une trajectoire mesurée, prudente, dont l’équilibre subtil et mystérieux peine à être rompu par ces quelques rencontres autour desquelles il virevolte. C’est d’abord une promenade dans l’ombre d’un frère, le secret partagé avec une pharmacienne, la faveur d’une directrice d’école, la rencontre impossible avec une bibliothécaire et finalement l’intrusion miraculeuse de cet oiseau-lunettes, seule créature qui bousculera la langueur d’une morne routine avant qu’elle ne se ratatine sur son personnage.
L’ennui y est tout en délicatesse. L’écriture est aérienne et délicieuse. Et l’histoire insaisissable et mélancolique, sans jamais s’avouer insignifiante. La singularité de ce personnage atypique, tranquillement esseulé, et dont les ailes sont retenues par de magnifiques promesses, c’est l’estampe inachevée de l’inconcevable liberté, c’est l’envol invisible d’un chant en faveur de la différence authentique, c’est ce petit pépiement dans la cage de nos côtes qui attend que s’ouvre enfin la fenêtre pour rejoindre la nuée de tous les possibles.
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Je suis différent.e et moi aussi je vous trouve bizarre 2 et Narrations animales
Créée
le 13 août 2018
Critique lue 307 fois
4 j'aime
7 commentaires
D'autres avis sur Petits oiseaux
Chaque lecture d’un livre de Yoko Ogawa m’apporte toujours un plaisir nouveau. Le musée du silence, La marche de Mina, Parfum de glace, Le petit joueur d’échecs, Les tendres plaintes, autant de...
Par
le 2 mars 2016
4 j'aime
Petit à petit, Yôko Ogawa fait son nid. Les lecteurs assidus de la romancière japonaise ne seront pas étonnés par Petits oiseaux. Ce qui serait surprenant serait de la voir écrire un livre qui n'ait...
le 10 janv. 2017
1 j'aime
Histoire douce, très mélancolique. Deux puis un homme coupé du monde, d'un monde et des gens avec lesquels il a du mal à communiquer. Existence de routine, et moments de livre qui laisse le lecteur...
Par
le 7 oct. 2014
1 j'aime
Du même critique
Mais non ! Et pourtant si. (Cette critique pourrait largement s'arrêter là pour décrire l'état dans lequel j'étais après le visionnage de cette audacieuse pépite d'animation) Pour les plus curieux,...
Par
le 22 juin 2019
9 j'aime
2
Une histoire étrange et fragile, comme sait si bien les raconter Yôko Ogawa. Une histoire de liberté, d’amour et de solitudes. Une histoire d’oiseaux, ces drôles d’oiseaux que nous sommes si...
Par
le 13 août 2018
4 j'aime
7
Avec un titre si prometteur, je m’étais attendue à une réflexion pointue, aux croisements de la lutte pour les droits des femmes et ceux de l'environnement, dans une position politique forcément...
Par
le 14 avr. 2019
3 j'aime