Peur Express: aux frontières du réel
Un train bloqué au beau milieu d’un viaduc un soir de décembre enneigé. A l’intérieur, des milliers de passagers paniqués, perdus, frigorifiés et quelque peu remontés. Encore plus à l’intérieur, six adolescents qui ignorent tous les uns des autres, en proie à des hallucinations et autres phénomènes paranormaux.
Peur Express est un roman divisé en trois parties : dans la première, Jo Witek nous présente les différents protagonistes des évènements qui vont se produire dans le TGV 175 cette fameuse nuit: Jeanne la conductrice du train en pleine crise conjugale, Robert le contrôleur en pré-retraite et Josy qui s’occupe du bar. Une sorte de cadre adulte à notre sextet d’adolescents tous plus allumés les uns que les autres : Waafa l’agoraphobe, Virgil pris de TOC, Dylan le passionné de tueurs en série, Indie l’enfant-gâtée, Zimri le gosse qui découvre la sexualité et Nyoko la fan de films d’horreur.
Une fois que le décor est planté, c’est enfin le moment que les lecteurs attendent avec sadisme : la panne de train en plein viaduc. Alors que la seconde rame marche parfaitement, l’autre moitié des voyageurs bloqués dans la première connaissent toutes sortes de péripéties : plus d’électricité ni d’eau courante et autour d’eux une bande de gamins timbrés qui voient tour à tour, fantôme, vampire, soldat SS et autre tueur en série. Et tout ça pendant des heures !
La dernière partie du livre entre plus profondément dans l’aspect psychologique des évènements. En effet, un spécialiste se penche sur l’affaire du TGV 175 qui a fait les choux gras de la presse afin d’y trouver une explication rationnelle avec l’aide des protagonistes bien évidemment.
Peur Express n’est pas qu’un thriller qui se contente de jeter en pâture tous les sujets du paranormal que l’on connaît mais il se porte aussi volontaire pour apporter sa propre explication. En choisissant des adolescents pour héros, Jo Witek a tout de suite marqué sa cible mais loin de là s’en faut pour limiter Peur Express à un unique public. Bien sûr, dans tous ces personnages, on retrouve beaucoup de clichés : Indie, la petite fille riche qui est obligatoirement odieuse à souhait, le papa de Waafa qui sent obligatoirement les orangers d’Oran en buvant un thé à la menthe ou Nyoko la japonaise limite adepte du cosplay. Pourtant, on s’en fout littéralement : ces idées reçues se retrouvent gommées par la complexité du scénario, quelque peu mis en retrait. Le problème de ce livre c’est surtout sa dernière partie, à savoir l’enquête scientifique. Sur le papier, elle devrait être la plus intéressante mais il est difficile d’accrocher à toute cette normalité après le voyage surnaturel duquel on sort. C’est, néanmoins, un bel effort qu’a pu faire Witek malgré la fin un peu trop Avengers à mon goût. Ah non pardon, il y a deux problèmes dans ce livre, le second étant ces fautes d’orthographe ou de grammaire que les correcteurs ont pu laisser passer mais bon…je ferme les yeux. Ça reste quand même rigolo quand on pense que la plupart des gens qui vont lire son livre sera…dans le train.
En somme, Peur Express est un bon roman, intéressant et surtout bourré d’informations sur le travail des cheminots. Une main tendue vers nos amis de la SNCF (je me perds !).