L'erreur de Nietzsche
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le 5 janv. 2023
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Lorsqu'on veut parler des Philippiques de Cicéron, on entend presque toujours les quatre premiers discours, en ce que chacun de ceux-ci dispose de qualités propres, tandis que les autres s'uniformisent dans des propos d'ordre factuel, d'intérêt strictement historique.
Ainsi, la première Philippique, dans laquelle Cicéron explique son départ et son retour à Rome à la suite de la mort de César, marque le début du conflit entre Cicéron et Marc Antoine. En réalité, les critiques, quoiqu'on puisse douter de l'extrême modération que Cicéron emploie à l'écrit contre la politique menée par Marc Antoine, réagissent déjà à la réaction colérique que ce dernier lui témoigna la veille, faute de ne pas s'être rendu à la réunion qu'il avait convoquée.
À la suite de cette première Philippique, Marc Antoine réplique furieusement, à l'aide du rhéteur Sextus Clodius, dans un discours véhément adressé au Sénat, auquel Cicéron, craignant pour sa vie, ne participe pas, provoquant par là une nouvelle invective de Marc Antoine, étalant sa lâcheté. Cicéron décide de répondre à toutes les injures proférées et de se défendre de toutes les accusations de Marc Antoine dans un discours qui restera seulement fictif, c'est la deuxième Philippique. Juvénal, poète romain du Ier-IIème siècle, en parle dans ses Satires en termes très élogieux de « divin et immortel chef-d'oeuvre ». Il est certain que des quatre textes que nous traitons, la deuxième est la plus importante, il s'agit là d'une féroce diatribe qui eût potentiellement été son dernier discours s'il l'avait effectivement prononcé, tant les injures et les provocations surabondent, dont nous citons ci-après quelques extraits :
« Je porte envie ; à ce maitre que vous avez si bien payé pour vous apprendre à n'avoir pas le sens commun. » - en parlant de Sextus Clodius.
« Quoi de plus contraire au bon sens que de me reprocher d'avoir pris les armes pour sauver la patrie, quand vous les avez prises vous-même pour la détruire ? »
Mais ce discours ne se réduit pas à ces attaques personnelles et Cicéron s'emploie à démonter tous les arguments avancés par son opposant et le ridiculise par le moyen d'une éloquence admirable, comme le douzième paragraphe sur la nécessité de la mort de César : « [...] tous les honnêtes gens ont tué César. Les moyens ont manqué à certains, la résolution aux autres, l'occasion à plusieurs, la volonté n'a manqué à personne. »
Il faut noter cependant que si la diatribe amuse autant qu'elle choque ardemment le lecteur à ses débuts, le sentiment qu'elle procure reste fugace et sitôt qu'il s'éteint, il est d'une grande difficulté à le rallumer, aussi, après une première moitié digne de louanges, le propos s'essouffle et perd de sa vigueur. Quant à la conclusion qui rehausse le discours, Cicéron nous persuade énergiquement de sa bravoure, ne redoutant pas plus la lame de Marc Antoine que celle de Catilina, combattant de manière acharnée pour la sauvegarde de la république « jeune, j'ai défendu la république, je ne l'abandonnerai pas dans la vieillesse. »
Les troisième et quatrième Philippiques sont à mettre en parallèle, l'un s'adresse au Sénat, l'autre au peuple sur le même sujet. Si l'on a pu observer une différence de ton entre les deux textes, employant un style plus familier, invoquant la religion et la superstition, il m'est plutôt d'avis que c'est un changement de matière que Cicéron opère d'un auditoire à l'autre, donnant au Sénat à juger des faits, et au peuple à penser des idées.
Créée
le 14 sept. 2022
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