une maison, deux maisons
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le 26 août 2024
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Giovanni Battista Piranesi, le graveur talentueux du XVIIIème siècle, qui sut donner corps aux anciennes ruines, y faire s'y déployer les arches avec un son que seuls les maîtres savent produire. Là où la pierre est gravée, n'entendez-vous pas le vent poussiéreux s'engouffrer par-dedans les vieux châteaux ?
Au son des ruines et par le titre éponyme, Susanna Clarke se fait un confortable socle tout droit venu des anciens temps et des architectures folles et labyrinthiques. Le ton même du livre nous perd : journal de bord d'un homme dont on sait si peu et qui s'appuie sur un temps inconnu fait au rythme des salles où il se déplace, se fiant à de micro événements dont seul lui a la trace... Apparition d'oiseaux et salles pleines d'eau.
Piranèse, le personnage de Clarke se meut dans un lieu étonnant, qu'il ne faut jamais essayer de saisir parfaitement. De grandes salles avec de gigantesques statues de marbre ; d'antiques représentations, des Minotaures, de grandes dames, des oiseaux, des anges... Les pièces où il passe sont diverses et parfois noyées sous une eau dont on ne devine la provenance.
Et au loin apparaît l'Autre, un homme de grand savoir qui semble mieux comprendre que notre narrateur à la mémoire instable, où ils se trouvent.
Une magie douce, flotte sur le récit, en épouse les courbes des statues, les courbes de ce personnage que l'on suit, que l'on perd, qui se perd en lui-même.
Et ce mystère qui ricoche sur le premier et unique autre livre de l'auteur : *Jonathan Strange & Mr Norel*l. Dix années les séparent et pourtant on y trouve la même magie précise et plausible, qui semble s'inscrire dans notre réalité et amène un léger vertige tandis qu'on ose croire du bout de notre regard troublé à l'existence de lieux mythiques.
Alors, c'est la main sur le marbre humide et gelé, l'oreille attentive au chant d'une cascade née d'un plafond crevé, qu'il faudra persister aux côtés de Piranèse, à la recherche de la Vérité. Car c'est une lecture exigeante où tout ne se dit qu'à demi-mot... Et je gage de croire que chacun saura, son marbre, faire.
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le 16 nov. 2021
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