Je ne serais pas aussi enthousiaste que la plupart des critiques déjà formulées au sujet de ce livre. Déjà il y a l'éditeur qui fait son travail par-dessus la jambe et qui laisse passer nombre de coquilles. Mais surtout, il y a des nouvelles plus faibles que d'autres. Et c'est ça qui pèche le plus je trouve. L'inégalité de traitement des sujets et le caractère hétérogène d'une œuvre qui se voudrait unifiée - mais peut-être ai-je mal compris certaines choses. Il faut aussi dire que l'abus de points de suspension m'a prodigieusement irritée. Si tu veux créer du suspense ou du mystère, fais-le dans le texte. Ne recours pas à ces artifices ridicules.
Bref. Pour résumer, j'ai une préférence pour la première nouvelle, celle qui concerne le match de Voxl, ainsi que pour celle de la Fuite. Et une réticence assez prononcée pour la 2e avec Moy (la débauche de violence à n'en plus finir était difficilement soutenable et je crains de n'avoir pas su capter le message sous le texte) et pour le monologue du flic, qui est disons-le franchement, assez mal écrit. La première personne est moins maitrisée par l'auteur et ça se voit ; elle apporte moins de profondeur au texte que ne le font les autres nouvelles à la 3e personne. Ce n'est pas qu'une question de narrateur mais elle a une grande importance.
Pour finir je voudrais juste souligner que ce n'est pas parce qu'un texte est engagé qu'il ne faut plus qu'y voir le fond ; pour qu'un texte engagé soit réussi il faut -à mon sens- qu'il frappe à tous les niveaux de lecture qu'il souhaite avoir. Or ce n'est pas le cas de toutes les nouvelles et c'est dommage. Mais je ne sais pas dans quelle mesure Yoss a pu se faire accompagner dans l'écriture et l'édition de ses textes. Peut-être a-t-il manqué de critiques pour l'aider à repérer les faiblesses de son projet.
Quoi qu'il en soit, c'était une lecture intéressante que je ne regrette pas et que je ne déconseillerais pas mais elle a ses limites qu'il faut garder en tête.