Passion rimée
Les romans du Chilien Alejandro Zambra ont tous une tonalité singulière où affleurent désenchantement, ironie et mélancolie, pas nécessairement dans cet ordre, et où s'intègrent aussi moments de...
le 17 mars 2023
Préambule à cette critique qui promet d'être longue :
- Kundera est mon auteur préféré, celui qui m'a donné le goût de la littérature, peut-être même celui de l'art en général.
- On m'a conseillé ce livre justement car j'étais en recherche explicité de choses similaires afin de ne pas torcher trop vites les livres de kundera qu'il me reste à lire. Et effectivement ça y ressemble pas mal, même si on est de la beauté que je trouve à kundera.
Donc forcément mon regard est obstrué par la comparaison avec lui mais je vais essayer de m'en affranchir un peu.
Quand ça commence, j'ai eu envie de drop très vite, je trouvais que le choix des mots était assez ridicule, que ça se voulait un peu "jeun's, on baise sur la pancho oalala" en étant juste cringe mais j'ai mis ça sur le compte de la traduction, et à 25 euros le bouquin, je n'ai pas été plus fort que mon biais de coût irrécupérable (j'ai pourtant bien d'autre choses à lire).
Et donc j'ai continué, et la chose qui m'a marqué le plus, hormis mes réflexions sur kundera sur lesquelles je reviendrai plus, c'est que ben j'ai bien aimé finalement, sans savoir vraiment pourquoi. J'ai eu le sentiment d'un retour à une appréciation banale des livres, pas de la littérature. J'ai aimé ce livre comme j'aimais lire au collège, pas vraiment pour l'art, mais parce que c'est sympa quoi, sans être formidable, je me suis pas ennuyé et ça me suffisait de suivre cette histoire.
C'est un sentiment que j'avais oublié, j'ai adopté un rapport très bourgeois à l'art depuis quelques années, ce livre qui ne me restera pas en mémoire pour autre chose que "Kundera en moins bien au chili" m'aura quand même fais pas mal réfléchir sur les 4 jours qu'il m'a fallu pour le lire, et c'est ce que je vais détailler maintenant car ça me semble interressant mais le lire, ça aurait aussi été juste lire pour lire en revenant du vélo. Que se soit parce que je me suis juste habitué aux défauts que j'y trouve ou que se soit peut-être pas si mal, je m'en fous un peu, à vrai dire.
Et donc pour commencer le coeur de la critique, je pense qu'il faut partir de ce que j'aime chez kundera et voir en quoi le présent livre y ressemble ou pas. ça va surement faire un peu "liste" mais tant pis.
Tout d'abord, il y a que chez kundera, on parle souvent d'histoire de gens random, des histoires pas ouf, qui se terminent plutot mal mais rien de dramatique, des histoires que je qualifierai de "médiocres" et de banale. Et sur poète chilien est très proche de que j'aime, aucun personnage n'a d'importance, gonzales et vicente ne sont personne, l'histoire de vicente avec pru se finit de manière tout à fait banale. En ça les personnage sont très crédibles (plus chez kundera quand-même, j'y viens plus tard) et j'aime bien voir se dérouler des vies, voir des interactions entre des gens, sans que se soit naturiste au sens de zola pour autant : il y a un contexte culturel et politique dans les deux cas, il influe sur les personnages sans que ce contexte soit traité comment événement en soit, c'est là, juste là, forcement on le traite, mais le principal se sont les personnages.
La deuxième chose qui m'a fait aimé kundera à l'époque ça été son penchant un peu philosophique, surtout dans l'insoutenable legereté de l'être (par sa réponse au concept d'éternel retour), ya pas du tout de ça ici et en vrai c'est assez marginal même chez kundera mais j'y ai pensé donc voilà.
Rentrons maintenant dans le coeur du sujet avec la troisième et principale raison qui fait que j'adore Milan Kundera. Il l'a lui-même expliqué dans l'art du roman, je vais l'expliquer avec mes mots : c'est qu'il n'y a que peu de description que se soit physique ou psychologique (j'aime ça chez dosto) mais pourtant, jamais je n'ai eu le sentiment de comprendre des personnages que chez kundera. Mais vraiment comprendre, les deviner peut-être même au delà que ce que Kundera pouvait penser, pourquoi ? Grâce aux situations, grâce à leurs phrases, mais aussi par ce qu'ils ne disent pas, la littérature n'est dans ce cas qu'une ouverture sur un pesonnage. Peut-être est ce parce que le peu de description me permet de mettre de moi dans chacun ? Probablement un peu.
Et c'est là que ça marche moins ici, il y a beaucoup plus d'explication de ce que X pense. Ce n'est pas toujours grave, par exemple, j'adore quand Zambra (Kundera fait ça aussi) explique ce qui se passe au moment de parler, que X aurait voulu dire autre chose, qu'X ne sait pas pourquoi il dit ça, qu'il est surpris de la façon dont X a parlé, qu'il y a de l'incompréhension dans les dialogues, ça fait tellement vrai ! les personnages ne sont pas absolus, il y un genre de flou. Mais là ya quand même beaucoup plus d'explication bas du front qui closent un peu (beaucoup en fait) l'ambiguité latente. Dans des formulaitons qui essayent d'être un peu stylées style phrase qu'on relit mais ça marche pas trop. Plusieurs fois chez kundera (pendant la plaisanterie surtout) je me suis arrêté, choqué de la beauté de ce que je venais de lire (bon là j'ai pas les passages de tête, je peux pas vraiment identifier quelle est la différence), là non, c'est un peu plus banal disons (dans le mauvais sens du terme), pas de grand moment de decryptage de pensée humaine, c'est juste une histoire (sympa hein mais juste ça). Au global, je n'en ressort un sentiment de beauté simple non plus comme à chaque fois avec Kundera, même dans ses livres que j'aime le moins. Là je me sens pas marqué, ya au final plus de conflictualité entre les personnages, c'est peut-être un poil trop banal en fait, je me dis que kundera exagère très legerement les situations pour ça ressorte plus jsp trop.... j'affabule certainement, ça me vient là comme ça, j'ai pas vérifié.
Quand je dis pas de conflictualité c'est par exemple la deuxième séparation carla/gonza, ça se passe très vite, trop vite pour moi vu ce qu'ils ont vécu ensemble, la répétition 4 fois de carla qui dit qu'il veut partir sans elle (et que ça se finisse sur ça) ancre cet argument comme étant le bon alors qu'on aurait pu penser le contraire. Sans que se soit clairement identifier, ça ferme l'ambiguité sur Gonza, en arrêtant le "débat" sur ça, c'est comme si ça faisait admettre à gonza que c'est bien pour ça qui ne le luit pas à dis. Et tout le départ de gonza est raconté en flash back après, pour ce qu concerne leon pareil. Dans certains cas c'est compréhensible (Pru/vicente : malaise de la situation, ils sont perdus et jeune, ils s'évitent, ok - Gonza/vicente,c'est possible que ça se passe comme décrit, je dirai même que c'est logique) mais à terme ça donne une histoire lisse, il y a des faux événements, c'est un peu dommage. Et même dans les moments plats de la vie, j'ai pas l'impression que Zambra soit allé au plus profond ce qu'il pouvait faire, notamment autour de Pru et de son article. je salue l'idée de fréquemment mettre de la poésie dans le livre, de voir la matière que c'est mais faire une liste de 15 poètes en 5 lignes pour en voir 2, finalement ne jamais parler de poésie autrement que balancer des phrases (chouettes) sur la poésie en générale, bon.
Malgré tout ya quelques passages vraiment chouette comme la soirée des poètes, l'histoire Rita/Pru est le passage qui m'a le plus "littérairement" ému, on se rapprochait un peu de Kundera.
Ya aussi que le livre est raconté par un narrateur qui "existe" et fait quelques fois (genre trois fois) des commentaires, il semblerait que se soit l'auteur lui-même, je vois pas l'intérêt, c'est assez peu exploité, ça donne lui à quelques moment drôle comme la devinette sur avec qui carla est en train de baiser mais c'est tout. Là où K fait des interuptions régulières de narration, parle de musique pendant 20 pages, ya pas du tout l'audace et la liberté de K.
Bon je parle plus de kundera finalement mais je l'ai pas eu en tête tout le long, je comparais pas en lisant mais c'était un prisme interressant. Evidemment ya des choses différentes : pas autant voire pas de digressions, pas mal d'humour un peu ringard (que j'aime plutot pas mal malgré tout, j'aime pas mal ris), un contexte totalement différent même si on le sent pas trop.
J'ai peur d'être vraiment biaisé (et inculte en littérature) mais je pense quand même que c'est assez commun comme livre, stylistiquement commun, ce qui fait que j'ai aimé c'est surtout le principe d'histoire gens normaux.
C'était étonnement sympathique, je regrette pas de l'avoir lu, mais le comparer à bolano sur la 4ieme de couverture, de ce que j'en connais, me semble un peu abusé...
Créée
il y a 1 jour
Écrit par
D'autres avis sur Poète chilien
Les romans du Chilien Alejandro Zambra ont tous une tonalité singulière où affleurent désenchantement, ironie et mélancolie, pas nécessairement dans cet ordre, et où s'intègrent aussi moments de...
le 17 mars 2023
Du même critique
Bon, j'ai détesté ce film mais que se soit clair, je pense surtout qu'il strictement, objectivement mauvais et je vais ici essayer de démontrer pourquoi selon moi.Commençons par énoncer les quelques...
Par
le 15 avr. 2024
3 j'aime
Et bah putain, après pas mal de films que je n'ai pas aimé, celui ci est arrivé à point nommé. J'ai tout de suite que j'allais aimé, mais je ne pensais pas autant.C'est vraiment un film qui...
Par
le 2 avr. 2024
3 j'aime
C'est le genre de moment où je suis content de lancer des films un peu au pif sur arte. Ce mélange d'images d'archives et de discussions familiales est merveilleux. Voir cette enfant dans des petits...
Par
le 24 janv. 2024
2 j'aime