Le bien-être, et son avatar dégénéré le développement personnel, est bien souvent récupéré par le capitalisme : si vous allez mal, ce n'est pas de la faute de l'organisation ultra-libéral de la société, mais parce que vous ne faites pas d'effort. Vous n'avez qu'à vous payer un stage où vous serez avec d'autres cadres-sup stressés et tout ira mieux ensuite, vous deviendrez la meilleure version de vous même.
La question que pose l'autrice et à laquelle elle tente de répondre est simple : peut-on intégrer le bien-être dans une autre vision, dans une alternative débarrassée du capitalisme et du patriarcat ? Surtout lorsque ces techniques de bien-être souffre d'une mauvaise image à gauche, notamment due aux dérives new age voire sectaire de certaines de ces offres ?
C'est bien sûr la partie la plus délicate de l'essai. Si le constat est clair et compréhensible, les pistes pour améliorer le bien-être de tous et toutes, et non plus d'une minorité riche, blanche et à l'apparence physique normalisée, sont moins simples à dégager.
L'autrice lance pas mal d'idées, plus ou moins convaincantes, à petites échelles, et si c'est prometteur et propice à la réflexion, on comprend que ce ne sont que quelques gouttes d'eau et que le chemin sera long.
C'est néanmoins un ouvrage extrêmement intéressant, aussi bien par les questions qu'il suscite que par les réflexions et les évolutions qu'il peut donner à chacun·e, même (surtout ?) à celleux qui sont persuadés de n'avoir pas besoin de s'occuper de leur corps et leur esprit.