Un peu de science politique ! J'ai trop aimé cet ouvrage qui retrace le parcours intime et intellectuel de son auteur. Il s'agit du récit permettant d'avoir une habilitation à diriger des recherches. (HDR) Le candidat doit apporter une compilation des articles scientifiques, un volume original sur une enquête et un mémoire (le présent ouvrage).
Entre 2011 et 2014 il a travaillé sur la désobéissance civile en se demandant quelle est la légitimité de l'illégalité : pourquoi désobéir en démocratie. (Thème traité par de multiples sociologues et philosophes comme Sandra Laugier) Il confronte des auteurs comme Rawls ou Habermas. Selon lui, le problème n'est plus de savoir ce qui autorise à désobéir mais ce que désobéir autorise.
Entre 2015 et 2017 il a travaillé dans des zones d'occupation urbaines comme nuit debout ou 15M espagnol mais aussi en zone rurale au bocage de Notre Dame Des Landes. Il s'interroge sur les zads et sur le renouvellement du répertoire d'action militant. Il co-fonde à l'université de Liège le laboratoire Pragmapolis en 2020. Il se plonge dans les recherches d'Abensour, Rancière et Castoriadis.
Enfin il questionne la notion de populisme, en particulier de gauche avec Podemos et la France insoumise entre 2018 et 2021. Accompagné de Chantale Mouffe, Ernesto Laclau et Claude Lefort, il tente de réinvestir cette notion afin de mieux la définir et la circonscrire en proposant un plaidoyer singulier : une idéologie hostile au néolibéralisme, centrée sur le clivage peuple/oligarchie, visant la conquête de l'Etat pour reformer le social avec un leader charismatique et se réappropriant les thèmes traditionnels de droite. (Pour raccourcir)
Extraits :
La science politique dénaturalise l'ordre social, elle dévoile les intérêts particuliers qui se masquent derrière les discours sur le bien commun.
La science politique décrit le monde en train de se faire plutôt que le monde fait. Elle brise le fatalisme et autorise des expériences de pensée.