C'est peu dire que j'attendais la sortie d'un tel livre, j'ai envie de dire depuis des années !
Bien avant que le support dvd ne fasse son apparition, j'étais déjà cinéphile et engloutissais des tonnes de films, aussi bien au cinéma qu'en VHS ou lors de diffusions télévisées. Je connaissais déjà l'existence du dvd, avec les possibilités offertes par le support, comme l'image bien plus belle que sur les cassettes vidéo, le chapitrage, les bonus, et surtout, la possibilité de choisir la langue et les sous-titres de sorte que désormais, je pouvais voir une bonne partie de mes films en version originale.
D'ailleurs, j'étais si impatient d'avoir mon premier lecteur dvd, qui fut d'ailleurs destiné à mon premier ordinateur, que j'avais acheté mon premier disque, Matrix, six mois avant de le lire !
Depuis, c'était en 2000, je suis un inconditionnel des supports physiques, achetant à tour de bras de milliers de films, aussi bien en dvd qu'en Hd-dvd qu'en blu-ray et désormais en Uhd 4K.
Pourquoi cette introduction ? Pour dire que ce livre, consacré à l'éditeur Potemkine, a sans doute été écrit pour des amateurs des disques. Pour parler du sujet qui est d'ailleurs le tout premier au monde à être consacré à un éditeur dvd, Potemkine est d'abord une (très sympathique) boutique crée en 2006, puis va commercialiser ses propres dvd l'année suivante, avec comme titre massue ce chef d'oeuvre qu'est Requiem pour un massacre. Qui est également le dernier titre évoqué dans le livre, du fait de sa ressortie en blu-ray !
Le livre, un beau bébé d'1,4 kg, est découpé en trois parties, pour totaliser 352 pages ; la première est consacrée à l'historique de l'éditeur et aux coulisses pour l'acquisition de films. Je connais un peu le monde de l'édition vidéo, et je sais que certains titres peuvent être des casses têtes. Par exemple, on parle de Melancholia, de Lars Von Trier, qui aurait pu faire couler la boite si le film se plantait en vidéo ; or, c'est à ce jour leur plus gros succès. Ou la confection de l'incroyable coffret Eric Rohmer qui contient l'intégralité(à 99%) de son œuvre, sans oublier Vincent Gallo qui planifie lui-même la jaquette de son film, Brown Bunny. Jacques Rozier insaisissable, la collaboration avec le fils d'Andrei Tarkovski pour la sortie du coffret intégral de son père... Pour moi, c'est passionnant, car tel que c'est raconté, on a l'impression d'être une petite souris.
Puis, la seconde partie est une analyse des titres les plus emblématiques, avec une notule ne dépassant guère une page pour la plupart d'entre eux, ce qui laisse peu de place à l'analyse quand en plus il y a des photos de films ou les jaquettes qui ornent les pages du livre. Enfin, le dernier tiers est une interview de plusieurs réalisateurs ou collaborateurs de Potemkine sur leur cinéphilie, avec pour chacun un top 5 de leurs titrés préférés chez l'éditeur. Il y a une annexe qui liste la totalité de leurs éditions (228 au 31 Décembre 2020), ainsi que quelques jolies pages sur les jaquettes et visuels rejetés qui montrent que le dvd peut être un art en soi.
C'est certain que le livre est segmentant, parlant avant tout à ceux qui ont connu (puis le blu-ray) depuis ses débuts, avec un prix prohibitif -45 euros-, mais ce livre est pour moi une ode aux souvenirs, un appel à la cinéphilie et aux objets matériels, et qui a été un bonheur à lire.
Enfin, bien que l'ouvrage soit consacré à Potemkine, il ne s'agit pas non plus de dire que tout est rose, leurs titres sont les meilleurs ; non, on parle aussi des erreurs, des échecs, des films qui ont été forcés par les ayants-droits quand eux voulaient un titre en particulier, les critiques ne sont pas toujours bonnes sur les analyses, mais oui, Potemkine est un éditeur qui compte dans le secteur du dvd.