Potlatch 1954-1957 par toma Uberwenig
Avant les Situationnistes, avant l'énorme et indigeste La Société du Spectacle, il y avait cette bande de jeunes arrogants, extrêmement intelligents et conscients de l'être, qui vomissaient les surréalistes, qui insultaient Queneau parce qu'il avait écrit dans un journal trop à droite à leurs goûts, appelaient explicitement à l'insurrection, lançaient consciemment, délibérément les bases de ce qui allait devenir Mai 68.
Ils étaient jeunes, beaux, plein de hargne, de volonté d'action, dans un monde qu'ils avaient décidé de retourner, de recréer.
Si ça peut avoir l'air désuet aujourd'hui, à cette époque, ils étaient convaincu que le travail allait tout bonnement disparaitre grâce à l'industrialisation massive.
Et ils nous mettaient déjà en garde contre le Spectacle, les divertissements. Il prônaient une société basé sur le loisir actif, sur les activités choisies délibérément, par opposition aux divertissements subis passivement.
C'est aussi dans ces pages que naît l'idée de Dérive Psychogéographique. Sous ce gros mot se cache le début d'une conscience nouvelle, celle de l'influence des villes, de leur logique interne, de leur façon d'induire des comportements, tant par leur structure que par leur agencement, par les panneaux publicitaires...etc.
Cette conscience aurait dû nous permettre de ne plus nous faire gruger par l'agencement des produits dans les supermarchés par exemple.
Mais nous n'avons pas écouté.
Tant pis. Reste ce témoignage d'une époque où tout était encore possible, et un texte jouissif, intelligent, et non dénué d'humour, contrairement aux brillants mais indigestes textes de l'internationale Situationniste.
Un plaisir de chaque instants.