Le propos du premier texte est de dire qu’il y a une homologie entre la structure du roman et la structure des rapports entre les humains (et entre humains et objets) de la société dans laquelle la forme-roman est née (la société qui est celle de l’individualisme et de la production pour un marché).
Cela étant dit, l’économie a évolué depuis et le principe individualiste s’est partiellement dégradé ; le temps des gigantesques monopoles et du capital financier efface l’individu derrière des systèmes complexes et globaux. Cette disparition partielle de l’individu dans l’économie se retrouve dans l’évolution du roman qui peut tendre, à certaines époques, vers la disparition du personnage.
De ce constat très intéressant de l’écrasement de l’individu dans la nouvelle économie, on peut en tirer un paradoxe probablement très fructueux sur le plan des idées : cette disparition de l’individu du pdv économique entre en contradiction avec le renforcement constant et continue de l’individu en tant que seul valeur de référence dans la société en dehors du système économique. L’individu a constamment de nouveaux droits en dehors du travail, il est partout mis en avant, mais la figure de l’individu disparaît dans un système économique machiniste, globalisé, financier… De cette contradiction peuvent être tirées, à mon avis, beaucoup de réponses et de questions sur l’individu dans le monde contemporain.
La réification telle que tirée par Lukács du chapitre sur le Fétichisme de la marchandise du Capital imprègne les rapports des humains de telle sorte que la valeur d’échange devient une médiation nécessaire entre eux. L’artiste cherche à retrouver la valeur d’usage et les relations sociales directes, c’est-à-dire non médiatisées par la valeur d’échange. Le romancier est donc essentiellement critique de la société, d’où le peu - voire l’inexistence - d’écrivains entièrement bourgeois prônant en soi l’accumulation de capitaux dans leurs œuvres.
« L’œuvre littéraire n’est pas le simple reflet d’une conscience collective réelle et donnée, mais l’aboutissement à un niveau de cohérence très poussé des tendances propres à la conscience de tel ou tel groupe, conscience qu’il faut concevoir comme une réalité dynamique, orientée vers un certain état d’équilibre. »
Le deuxième texte traite de l’œuvre de Malraux et occupe la très grande majorité de l’ouvrage, à tel point qu’on peut se demander si le titre du bouquin n’est pas partiellement trompeur… Par ailleurs, ne connaissant pas bien l’œuvre de Malraux, il est difficile de juger la qualité de l’analyse.