Si je devais parler du livre et de ce qu'il contient, j'utiliserais l'une des ses propres images : celle de ces enfants qui, juchés sur un manège, jouent à se faire peur en voyant disparaître leur parent à chaque tour : "on se fait peur et on se fait du bien, on cherche à se rater".
"Pourquoi les oiseaux meurent", c'est peut-être un peu ça, ce jeu ambigu avec la catastrophe qui, paradoxalement, semble parfois tenir lieu de motivation quand nos vies en sont tristement dépourvues. Dans cette quête sur la trace d'oiseaux tombés du ciel, le héros finit par partir en quête de lui-même, dans une sorte d'exegèse où chaque signe le reconduit à sa propre vie : sa ville d'enfance, son père, un aïeul qui n'en est peut-être pas un. Autant d'oiseaux tombés du ciel.
"Pourquoi les oiseaux meurent" est un texte empreint de cette tendresse qu'on éprouve pour les héros qui échouent, leur vie située quelque part entre le ridicule et la grandeur. Et c'est ainsi qu'est la nôtre aussi, toujours un peu solitaire, belle et légèrement ratée, guettée par l'épuisement. Lire Victor Pouchet, c'est entendre une légère dissonance dans la rumeur générale et sentir son cœur déborder d'amour.