Publié sur L'Homme qui lit :
Découvert grâce à la chronique de Gérard Collard dans A livre ouvert (France Info), Poussière d’homme a longtemps attendu dans ma liste de « livres à acheter », jusqu’à ce qu’il atterrisse dans ma bibliothèque, et qu’enfin un soir je me décide à me plonger dans ce court récit autobiographique.
Dés les premières pages, j’ai eu la gorge nouée, les yeux humides. Et puis très vite, les envolées lyriques, les phrases affutées comme autant de couteaux ont découpé ma carapace de lecteur. La chair de poule, les larmes qui roulent sans s’arrêter. Des pauses, parfois, le temps de noter une phrase plus belle qu’une autre sur mon petit carnet à phrases magiques.
David raconte son arrivée en Bretagne, terre natale de celui qui partageait sa vie, désormais réduit en cendres dans une urne qu’il n’ose plus quitter. La rencontre de cette belle-famille dont il avait été maintenu à l’écart, les dernières larmes, la cérémonie d’adieux. Ce vide de l’autre, qui creuse le coeur de l’homme en deuil et vient s’y nicher. « L’absence est un compagnon fidèle », dira l’auteur.
Et puis l’on revient en arrière, la rencontre, ce début inattendu, ces rebondissements. Ce géant aux cheveux gris de treize ans son ainé, tellement calme, rassurant, confiant. Cet homme qu’il aimera sans jamais faillir, d’un amour pur et merveilleux, dont on se drape pendant la lecture, qu’on sent réconfortant. D’un amour comme on aimerait être aimé un jour.
Cette maladie, qui terrasse sans prévenir, qui affaibli le roc, qui plonge l’amour dans la houle, le rend plus fort, presque indestructible. Et la mort, cette déchirure, ces passages que je ne saurai mettre en mots, qui font redoubler les larmes, chavirer le coeur, rendent la lecture presque douloureuse.
Ce livre est une claque, la plus belle déclaration d’amour que j’ai pu lire, la plus belle ode à la vie. J’en suis encore terriblement ému.