Première partie du « prologue » du cycle légendaire, Prélude à Fondation nous permet de découvrir non moins que la légendaire Trantor à travers ses secteurs, ses habitants, ses cultures, ses traditions… Un véritable paysage vu par les yeux du nom moins mythique mais encore bien naïf Hari Seldon, dans une quête pour mettre au point sa découverte qui révolutionnera la Galaxie mais qui sera le fondement du cycle qui suivra. Ce tome me laisse un sentiment mitigé : on retrouve tout l’univers d’Asimov, cette ambiance que j’affectionne particulièrement ; mais d’un autre côté, on n’a plus ce côté légendaire épique du cycle Fondation, car on le démystifie un peu (beaucoup même).
Il se concentre ici à nous dévoiler comment Seldon parvient à trouver la solution à un problème « théoriquement possible mais impraticable », et pour cela Asimov prend comme fer de lance (comme dans le cycle Empire) la ségrégation, le sectarisme et la religion. C’est très amusant de découvrir ainsi Trantor à travers 5 secteurs différents, tous étant plus caricatural que le précédent. À travers son portrait de la planète-monde, Asimov dessine surtout un portrait de notre propre Terre et un portrait plus d’actualité que jamais. C’en devient presque glaçant.
Sur l’histoire même, comme je le disais, il y a ce côté qui démystifie le cycle et le personnage lui-même (d’ailleurs, Asimov s’amusera à ce propos). C’est très intéressant d’en apprendre plus sur Seldon et comment il y est parvenu, mais ça perd un peu de son charme. De plus, comme nous savons plus ou moins comment c’est censé se finir, il n’y a pas de grands surprises ; et même sans ça, quand on connait Asimov, on se doute un peu de ce qui va arriver. C’est à la fois un moins et un plus parce qu’au final, un élément extrêmement évident va finir par nous occulter le bouquet final, qui permettra à celui-ci de revenir aux fondamentaux avec ce côté épique et jouissif du cycle Fondation.
Autre point important, ce tome permet de donner tout son sens au terme « cycle » de Fondation, et de former ainsi un tout dans l’univers d’Asimov. C’est ce côté que j’ai le plus apprécié au final, le fait que non seulement il y a des clins d’œil ici et là de ce qu’il va advenir ou de ce qu’il est advenu. C’est en ça, je pense, qu’il vaut probablement mieux lire ce livre après le cycle Fondation à proprement dit, pour pouvoir vraiment en profiter pleinement.
Mais comme toujours, Asimov a réussi à me transporter dans cette aventure sur Trantor, avec sa plume si fluide et riche ; dans un univers toujours plus fouillé et détaillé. Non seulement c’est super, mais en plus c’est un régal à lire et à imaginer !