Frison-Roche (je sais pas si vous lisez ça "Frizon Roche" ou "Frisson Roche") a un nom qui tiens plus de la collection littéraire que de l'auteur de livre.
Bref. J'aurais dû lire ce livre au milieu des montagnes alpines, mais c'était pas ma destination de vacances cette année. C'était plutôt le Nord, et par précaution, j'ai eu l'idée de me faire dépister gratuitement du Covid-19. S'en est suivi 5 heures de file d'attente pour que quelqu'un m'enfonce un coton tige dans le nez. Mon téléphone portable était en rade, les gens derrière moi parlaient trop fort. Comme il y avait une "bibliothèque de rue" (vous savez ce genre d'étagères gratuite où les gens foutent des livres dont ils ne servent plus et les mettent à disposition de tous) je me suis dit que quitte à attendre, j'allais fouiller.
C'est donc debout, au milieu d'une file d'attente en plein milieu d'un centre commercial que j'ai commencé ce livre qui me parlait des guides de haute montagne, d'alpage et d'airs purs.
Dépaysement total : on est dans les années 20. Pierre Servettaz est destiné par son père a devenir hotelier alors que celui-ci ne rêve que de guider les aventuriers et escalader les sommets. Il est accro à la montage comme le vieux marin est accro à la mer mais n'ose contredire son paternel. La mort de celui-ci, lors d'un orage sur le sommet du Dru, va le pousser à organiser une expédition pour retrouver son corps et changer sa vie.
A la fin de la file, j'avais déjà fini 70 pages et j'étais bien parti pour le finir. Parce que mine de rien, Frison Roche a beau être un auteur de "bibliothèque de rues" dont on trouve les exemplaires par foison dans les Emmaus et les marché au puce... et bah, ce Premier de Cordée fonctionne vraiment bien.
Car par delà des histoires d'escalades, de gens qui bravent les interdits et se gèlent le cul afin de monter des sommets (qui sont de vrais sommets qui existent vraiment et que Frison Roche doit lui même avoir grimpé), le livre fait une description d'un lieu et d'une époque que j'avais jamais vu dans les romans : les Alpes françaises au début du XXe siècle. Cet époque où une partie du tourisme s'était créé autour d'aventurier en manque de sensations fortes et de vacanciers ayant envie mais où le ski n'existait pas, obligeant les guides à ne bosser que durant la saison de l'été.
Il y a l'accent local (et l'expression "ça fait mé pi pas pi") les habitudes des gens de là bas, quelques traditions (y est mis en scène la montée des troupeaux dans les paturages en hauteur avec le mythe de "la reine du troupeau") et des descriptions de personnages qui fleurent bon l'inspiration autour de gens ayant réellement existés.
Alors, oui, le roman est peu complexe même s'il offre au début une sorte de vision chorale avec différents points de vues : Cela s'ouvre sur Pierre en montagne avant qu'il apprenne la mort de son père, puis sur le récit de ce qu'il est arrivé au père (ainsi que le guide et le touriste qui les accompagnait) puis sur la réaction des guides décidant de ramener le corps et de prévenir la veuve, avant de revenir sur Pierre. Mais dans l'ensemble on reste sur du déjà vu : c'est l'histoire d'une chute et d'une remontée à la fois symbolique et littérale. C'est parfois naïf dans sa volonté de bien faire, mais il a un putain de charme qui m'a dépaysagé et m'a donné à nouveau envie de me balader dans les hauteurs alpines.
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