Tout a déjà été écrit sur le syndrome post-traumatique des vétérans, sur les difficultés d'anciens soldats hantés par leur passé et aigris par l'indifférence à se réinsérer dans la société, ainsi que sur le manque de reconnaissance d'un pays qui n'a pas hésité à sacrifier ses hommes avant de les considérer comme des charges. Je ne suis pas sûr qu'une nouvelle tartine sur le sujet soit utile ou pertinente. De plus, je me demande si le véritable sujet du roman ne pourrait pas être ailleurs. Ailleurs que dans le Vietnam et ailleurs que dans le rapport au père, évident, entre "le gamin" et Teasle ou, plus évident encore, entre Trautman et Rambo. Non. Je vous parle d'une réflexion sur le luddisme dans les arts de la guerre.
"Je déteste la guerre, mais je crains encore plus le jour où les machines remplaceront les hommes."
Cette citation, que l'auteur fait prononcer à Trautman, résume à elle-seule le vrai propos du roman. Rambo n'est pas juste un soldat traumatisé, il est, avec son supérieur et ses quelques semblables, l'un des derniers représentants de son espèce, inadapté à une société qui évolue sans eux. Impuissant et perplexe, le colonel regarde la technologie remiser les armes telles que lui au placard. Car, pour ce dernier, l'ennemi, le vrai, c'est la technologie. Et si, dans une guerre, il n'y a jamais de vainqueurs, les vrais perdants seront les Rambo et les Trautman, qui n'auront plus que leur "Medal of Honor" pour briller et qui, un jour, verront des geeks piloter leurs drones de combat depuis des bureaux climatisés, un café à la main. Les soldats comme "le gamin", qui ne sont jamais aussi dangereux qu'armés d'un couteau et le corps dissimulé sous la boue, eux, sont guettés par l'extermination. La citation ci-dessus est, sans surprise, ponctuée de la pensée fataliste - et discutable - suivante.
"C'est la fin d'une époque. Dommage."
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