Les années 60. Chez les Chaoulans. Tout commence bien. L'appartement propret. Napperon sur le poste de télévision. Une maman attentive et douce, un papa qui raconte des histoires merveilleuses, un enfant aux yeux écarquillés : Emile. Ou plutôt Picasso , toujours dans ses dessins , qui dessine tout ce qui l'entoure, qui colorie son petit monde joyeusement.
Trio charmant ...et pourtant qui est ce père ? un grand chanteur? un économiste ( ce con de Pinay) ?le conseiller du général de Gaulle, un pasteur ou un professeur de judo? l'esprit se brouille au fur et à mesure de toutes ces révélations . Et puis il y a la guerre en Algérie, l'OAS, la clandestinité, le putsch des généraux .
Mais qui est donc ce Ted, le parrain américain si loin si proche et qui sait tout de ce qu'accomplit Emile pour l'organisation. Le destin est en marche .... Emile a 10 ans il est pris dans le tourbillon mythoname du père, il embarque le nouveau de la classe le pied noir dans l'aventure de l'OAS mais tout se dégrade très vite.
Les notes à l'école sont catastrophiques, la violence s'installe avec les coups , la mère devient la vieille et le père prisonnier de ses fantômes frappe plus fort... on a peur pour Emile .
Peu à peu la mère se replie dans le silence , chacun dans sa solitude ; et puis l'abandon ...! Emile jeté à la rue ....la maison se referme encore plus les volets sont désormais clos dans la vieille poussière du temps la violence bouillonne .
Ce roman est un hymne à la vie pourtant; Picasso sauve Emile et met des couleurs et le libère enfin de ces destins prisonniers .
C'est un croquis qui trace la vie de ces trois personnages à jamais liés dans la douleur du vivre. L'écriture est simple sobre précise comme on imagine le trait du dessin d'Emile.
Ce livre m'a bouleversé; c'est un petit chef d'oeuvre .