Monsieur et Madame Caradec, lassés de Paris, décident d'acheter une petite maison avec jardin. Après bien des hésitations, ils finissent par investir dans un écoquartier. A eux les matériaux écolos, la jardinet propret, le chauffage thermique et la cuisine dernier cri. A eux aussi les voisins bruyants et sans-gêne, leur chat malappris, l'absence totale d'intimité, les clans qui se forment, les jalousies, etc.
Satire sociale, thriller, ce roman touche à plusieurs genres. Même si j'ai trouvé la fin un peu rapide, j'ai beaucoup aimé ce roman. La plume de Julia Deck est précise, caustique, elle appuie là où ça fait mal. La première phrase ("J'ai pensé que ce serait une erreur de tuer le chat, en général et en particulier quand tu m'as parlé de ton projet pour son cadavre.") est très bien trouvée, elle accroche tout de suite. Le tutoiement suggère, en tout cas pour moi, l'incapacité de la personne à qui on s'adresse. (Comme dans l'excellent "Il faut qu'on parle de Kévin, de Lionel Shriver) Rien que ça, et ça y est, le lecteur est ferré. Par ailleurs, certaines remarques ou descriptions visent dans le mille. (L'absence d'intimité par exemple, que je sais véridique.) Et je ne résiste pas au plaisir de citer un passage particulièrement savoureux, à propos des barbecues entre voisins :
Nous nous étions toujours préservés de telles sociabilités. Et voici qu'enivrés par les effluves de barbecue, nous nous transformions en ectoplasmes. D'ici à quelques années, tu serais devenu l'épais mari au tee-shirt troué, engoncé dans son pliant et poussant des rires gras tandis que je me changerais en harpie, rouspétant sans fin après les tropismes si prédictibles des mâles.
Je n'ai pas lu d'autres romans de Julia Deck, mais je vais m'y mettre dès que possible !