Lorsque Jung avoua à Freud, son mentor, qu'il envisageait l'existence d'un inconscient collectif et qu'il allait diriger ses recherches dans ce sens, ce dernier tomba en syncope sous le choc.
Pour un scientifique, qui plus est un pionnier d'une discipline touchant à l'immatériel, le non-palpable, rien de pire que de découvrir quelque chose qui puisse nuire non seulement à sa carrière, sa crédibilité, mais à la discipline toute entière.
Et à la lecture de cet ouvrage magistral, on ressent cette réticence de Jung à tirer les conclusions découlant de ses expériences. Car l'alchimie a été balayée d'un revers de la main par le pragmatique Freud, basant quasiment exclusivement sa théorie sur le refoulement, le traumatisme. Son analyse des rêves va strictement dans ce sens, alors que Jung considère que non seulement l'inconscient tente de communiquer avec la conscience, sans se limiter à du "négatif", mais qu'en plus cet inconscient aurait un langage commun, universel, des racines ancrées dans les profondeurs de l'âme, des racines collectives.
On peut imaginer à quel point cette découverte peut ébranler l'auteur, et les risques qu'il encourt à emprunter cette voie. Rappelons que Jung est athée (EDIT : fausse info, Jung était chrétien, merci à ruep d'avoir corrigé cette affirmation dans les commentaire, sortie de je ne sais où... Probablement des tréfonds de mon imagination ; Mea Culpa), et que ce n'est pas un mystique illuminé mais bien un des fondateurs de la psychanalyse.
Cet ouvrage est important, audacieux, particulièrement intéressant pour qui s'intéresse tant à la psychanalyse qu'à l'ésotérisme, laissant cependant une pointe de déception en fin de bouche, un sentiment de travail inachevé.
Chercheur acharné, Jung se plongera dans l'étude des textes ésotérique, religieux provenant du monde entier, afin de vérifier ce que lui hurle son intuition, il sera directement confronté aux archétypes de l'inconscient collectif, qu'ils soient désignés sous le terme de dieux anciens, de démons, ou pierre philosophale, et pourra donc plus tard assumer les conclusions qu'il ne fait qu'effleurer ici.

toma_uberwenig
9
Écrit par

Créée

le 29 déc. 2012

Critique lue 964 fois

7 j'aime

13 commentaires

toma Uberwenig

Écrit par

Critique lue 964 fois

7
13

Du même critique

Invasion Los Angeles
toma_uberwenig
8

Debord décrypté par un ex-catcheur

C'est de loin la meilleure, la plus claire explication possible de ce que Debord essaie de nous faire comprendre dans la Société du Spectacle. Bon, d'accord, les extraterrestres et les lunettes...

le 1 avr. 2011

85 j'aime

12

The Wicker Man
toma_uberwenig
10

Come. It is time to keep your appointment with the Wicker Man.

S'il n'en restait qu'un, ce serait celui-ci, presque sans hésitation. Et je profite du fait que ce soit le 1er mai, date au centre de l'intrigue du film, pour me décider à en parler. Tout commence...

le 1 mai 2011

75 j'aime

27

Si tu tends l'oreille
toma_uberwenig
8

Le temps retrouvé

Si vous abordez ce film avec les faux espoirs instillés par la bande annonce d'être confronté à un conte surnaturel, vous serez déçu. Et ce serait dommage, le film ayant beaucoup à offrir à ceux qui...

le 5 mai 2012

68 j'aime

3