Lorsque Jung avoua à Freud, son mentor, qu'il envisageait l'existence d'un inconscient collectif et qu'il allait diriger ses recherches dans ce sens, ce dernier tomba en syncope sous le choc.
Pour un scientifique, qui plus est un pionnier d'une discipline touchant à l'immatériel, le non-palpable, rien de pire que de découvrir quelque chose qui puisse nuire non seulement à sa carrière, sa crédibilité, mais à la discipline toute entière.
Et à la lecture de cet ouvrage magistral, on ressent cette réticence de Jung à tirer les conclusions découlant de ses expériences. Car l'alchimie a été balayée d'un revers de la main par le pragmatique Freud, basant quasiment exclusivement sa théorie sur le refoulement, le traumatisme. Son analyse des rêves va strictement dans ce sens, alors que Jung considère que non seulement l'inconscient tente de communiquer avec la conscience, sans se limiter à du "négatif", mais qu'en plus cet inconscient aurait un langage commun, universel, des racines ancrées dans les profondeurs de l'âme, des racines collectives.
On peut imaginer à quel point cette découverte peut ébranler l'auteur, et les risques qu'il encourt à emprunter cette voie. Rappelons que Jung est athée (EDIT : fausse info, Jung était chrétien, merci à ruep d'avoir corrigé cette affirmation dans les commentaire, sortie de je ne sais où... Probablement des tréfonds de mon imagination ; Mea Culpa), et que ce n'est pas un mystique illuminé mais bien un des fondateurs de la psychanalyse.
Cet ouvrage est important, audacieux, particulièrement intéressant pour qui s'intéresse tant à la psychanalyse qu'à l'ésotérisme, laissant cependant une pointe de déception en fin de bouche, un sentiment de travail inachevé.
Chercheur acharné, Jung se plongera dans l'étude des textes ésotérique, religieux provenant du monde entier, afin de vérifier ce que lui hurle son intuition, il sera directement confronté aux archétypes de l'inconscient collectif, qu'ils soient désignés sous le terme de dieux anciens, de démons, ou pierre philosophale, et pourra donc plus tard assumer les conclusions qu'il ne fait qu'effleurer ici.