Par un soir de pluie, Eliza, jeune vendeuse de fleurs, tombe sur M. Higgins, un personnage haut en couleur qui est spécialiste dans l’accent et la prononciation. Il est capable d’identifier la localité de n’importe qui à sa seule façon de s’exprimer. À la suite d’un petit défi, il va donner des cours à la jeune femme de basse extraction pour qu’elle parle et se comporte comme une lady. Il a six mois pour effectuer les changements et la présenter à une réception mondaine sans que le pot aux roses ne soit découvert.
Cette pièce est plus ou moins une remise au goût du jour d’une scène de la mythologie grecque, celle de Pygmalion et Galatée. Pygmalion était un sculpteur qui tomba amoureux de la statue qu’il avait créée. Celle-ci devint vivante grâce à la déesse Vénus, touchée par l’amour de Pygmalion pour sa création.
Je viens de suite préciser que seule l’idée est reprise dans cette pièce, qui ne se passe pas en Grèce, mais à Londres et qui prend vie dans le XIXè. Dans Pygmalion de George Bernard Shaw, le mythe est rejoué au travers de M. Higgins qui, pour satisfaire un pari et se lancer un défi personnel, va tenter d’apprendre à Eliza comment se comporter et parler comme une lady. La tâche est ardue, mais petit à petit, la jeune femme change ses habitudes et sa façon d’être.
Le processus de vider une personne de son essence pour la modifier selon sa vision des choses à l’envi est vraiment passionnant. Les événements de cette manipulation se passent de manière tellement insidieuse que l’on ne se rend pas compte de ce que vit Eliza, jusqu’à ce que celle-ci s’exprime à cœur ouvert. Un passage intéressant et une vision des choses qui m’a fait réfléchir.
C’est une pièce que j’ai beaucoup appréciée, que j’ai lue une fois en anglais et une fois en français et que, étonnamment, j’ai aimé dans les deux versions. Son gros point fort est sans nul doute le thème abordé et comment les événements se déroulent de manière aussi subtile et insidieuse. En revanche, elle est un peu longue à mon goût (pas mal de passages de remplissage, je trouve) et la fin, bien qu’intéressante, m’est passée complètement au-dessus car l’auteur sort du format théâtral pour présenter ce qui se passe à l’héroïne un peu à la manière d’un film qui présente sur écran noir le futur des personnages deux ans après... Étrange et assez peu approprié, ainsi que beaucoup trop long.