L’anarchie, c’est le chaos, affirme la croyance populaire, péremptoire.
Non, c’est sans doute bien plus compliqué que ça, lui répond ma curiosité, sceptique.
Intéressons-nous donc aux anarchistes et à leurs écrits. Qui fait référence dans ce domaine ? Kropotkine, Bakounine,
Proudhon…
Proudhon est français ! Quel est son livre le plus connu : Qu’est-ce que la propriété ?
Eh bien allons-y.
J’ai toujours été incapable d’accorder le moindre crédit aux fils à papa. S’il y a bien une seule idée communiste qui menfait frétiller, c’est la suppression de l’héritage.
Proudhon, par son parcours de vie, a tout mon respect. Intellectuel aux facultés immense, il doit interrompre les cours à la suite d’une faillite paternelle et a dû enfiler le bleu de chauffe.
Ses écrits sentent la transpiration et la suie, et pour des textes d’extrême gauche, c’est tout de suite plus crédible.
L’ambition de Proudhon est de s’appuyer sur la science comme socle fondateur d’une orgainsation sociale idéale, et les démonstrations austères et mathématiques seront nombreuses, ce qui m’a parfois perdu car je n’ai pas fait S au lycée.
Les origines de la propriété sont analysées, et on comprend alors que les fondements de la propriété ne sont en somme que des décisions judiciaires antiques qui mènent nécessairement à l’inégalité sociale.
Elle n’a d’ailleurs pas sa place parmi les droits naturels, comme l’égalité ou la liberté, tout simplement parce qu’elle est monneyable et matérielle, contrairement à eux.
Pour expliquer sa célèbre réponse à la question qui constitue le titre de son ouvrage, Proudhon s’attaque à la loi, foncière et du travail, celle qui permet aux propriétaires de jouir de leurs biens de manière totalement arbitraire et injuste. Ainsi, un rentier a le droit de percevoir de l’argent grâce au loyer d’une (ou plusieurs) maison dont il a hérité, et les patrons ont le droit d’exclure l’ouvrier de la jouissance des fruits de son travail en gardant pour lui seul la richesse créée et les revenus générés, évidemment plus élevés que le salaire payé à son ouvrier. Le patron peut faire ça car il dispose des moyens de production, il en est propriétaire, c’est là où se situe le vol.
La possession, c’est le droit de pouvoir jouir de son bien sans en abuser, c’est-à-dire en étant juridiquement incapable d’exercer les abus citer plus haut.
L’idée globale est intéressante à creuser, mais le reste est plus brouillon.
Je n’ai surtout pas les connaissances juridiques en matière de propriété foncière pour tout comprendre, donc certaines choses m’ont échappées.
Il est toutefois intéressant de noter que sous l’Ancien Régime, l’accès à la propriété était une récompense, un salaire pour ceux qui œuvraient pour le roi. En rejetant la propriété, Proudhon rejette aussi cette idée de privilèges, de logique hiérarchique soumise à une autorité étatique, gagnant ainsi ses galons d’anarchiste.
La volonté d’organisation sociale chez Proudhon passe par une abolition des abus inhérents à la propriété, mais par ses exposés en faveur de la possession et ses références à la science pour étayer ses propos, il cherche à établir un ordre, ce qui rejette l’idée de chaos associée à l’anarchisme.
Texte intéressant à lire, mais rendu plutôt difficile par sa longueur, sa densité et son contenu parfois trop S ou surchargé en matière de droit foncier.