Elle est bien étrange, en effet, cette histoire que nous conte Jean Galmot, un auteur quelque peu oublié et dont la vie fut aussi aventureuse qu'exotique.
Moins un roman qu'un recueil de tableaux poétiques (77 chapitres pour 182 pages, je vous laisse juges), "Quelle étrange histoire" est le récit d'une traversée d'Amsterdam vers la Guyane, puis de l'exploration de la forêt vierge, entre bagnards et Indiens.
J'ai assez vite renoncé à suivre le fil classique d'une narration romanesque pour me concentrer sur le chant puissamment poétique d'un style à part, d'une plume occupée à rendre les réalités tropicales palpables : la faune, la flore, la chaleur, les odeurs, l'hostilité, les miasmes, les mystères d'une terre encore médiocrement apprivoisée en ce début du XXème siècle.
Tout déroute dans ce livre : la structure et le contenu. Pendant la traversée de l'océan, le narrateur dialogue essentiellement avec le vieux navire hollandais qui adopte volontiers des airs de vaisseau fantôme ; la Mer est alors l'allégorie qui recueille tous les hommages de l'auteur. Puis, embarqué sur une pirogue, remontant le fleuve-roi, le narrateur enchaîne les descriptions de la Forêt, divinité bruissante de mystères et devant laquelle on s'émerveille et on tremble.
Bien que peu familière de la poésie, surtout en prose, je dois dire que je me suis laissée bercer par le rythme et les évocations de ce voyage homérique. Une dépaysante découverte.