Querelle
6.4
Querelle

livre de Kevin Lambert (2018)

"Querelle" traite des préjugés et des stéréotypes sur des tabous. C'est avec un discours marginal que Kevin Lambert dénonce les luttes sociales, dont les écarts de richesse entre les riches et les pauvres, les inégalités avec les autochtones, l'ouverture d'esprit des grands centres urbains comparés au villes de région, l'homosexualité et l'homophobie, les inégalités entre les hommes et les femmes, les relations de pouvoir entre le patronat et le syndicat. Les personnages bouillants de vengeance vont mener une lutte contre ces inégalités. Cette œuvre commence par un courant réalisme et termine par un courant surréalisme, ce qui transforme le rythme du récit. Le personnage principal, Querelle, est inspiré du personnage central de Querelle de Brest de "Jean Genet". Il lui ressemble d'autant plus que le livre très cru, très érotique, très sexuel reprends parfaitement toutes les thématiques qui étaient celles chères à Genet (qui aurait je crois beaucoup aimé ce roman hommage). Come Genet le jeune Kevin Lambert parle frontalement de sexe, sans métaphore ni ellipse : il dénude l'acte jusqu'à l'os, jusqu'à atteindre une certaine forme de pureté, et c'est plutôt émouvant. Et il y est aussi question de crime, de trahison, de viol, d'anticonformisme radical...

J'aime beaucoup genet et j'ai trouvé ce nouveau Querelle très digne de son illustre ainé. Ce nouveau #QuerelledeRoberval comme Christian dans Cyrano de Bergerac, est beau, c'est un fait, et rend fous les garçons de la région qu'il enfile dans la joie absolue, ébranlant les colonnes du patriarcat, au grand dam des pères terrorisés (et envieux). En marge du récit, c'est-à-dire encore plus exclus que les exclus, trois jeunes anges exterminateurs hantent Roberval, amoraux et rebelles jusqu'au bout, apportant au récit une note fantastique et hallucinée

C'est donc un roman qui traite en même temps de la lutte et du désir mêlant ces deux thématiques d'une manière virtuose.

"lettres it be" :

"Querelle est un roman sale, brut, un roman qui gêne aux entournures. Les premières lignes coupent le souffle, et les autres cassent la gueule. On a envie d’arrêter, on se dit que c’est quand même un peu n’importe quoi, puis on continue, le thorax noué, compressé… On arrive à bon port sans trop savoir où nous sommes et d’où nous sommes partis. Manifeste ouvrier et/ou sexuel ? Critique de la lutte ? Aucune idée… Mais ce qui est certain, c’est que l’on vient de parcourir quelques 240 pages de littérature en barre. Et si c’était précisément cela la marque des grands livres ?"

"La presse" :

Sur fond de désintégration sociale, d'exploitation ouvrière, d'affrontement entre les travailleurs et le boss prêt à empoisonner et à brûler les maisons de ses employés, de désengagement et de trahisons, Querelle baise tout ce qui bouge en dehors de son shift, et la fonction de ces passages crus sur le cul, plus que de choquer le bourgeois hétéronormatif (et aussi les gais normalisés qui se marient), est d'offrir les seuls moments de liberté absolue du roman, de jouissance et de joie sauvages, hors des lois du marché et de l'aliénation générale....Sur fond de désintégration sociale, d'exploitation ouvrière, d'affrontement entre les travailleurs et le boss prêt à empoisonner et à brûler les maisons de ses employés, de désengagement et de trahisons, Querelle baise tout ce qui bouge en dehors de son shift, et la fonction de ces passages crus sur le cul, plus que de choquer le bourgeois hétéronormatif (et aussi les gais normalisés qui se marient), est d'offrir les seuls moments de liberté absolue du roman, de jouissance et de joie sauvages, hors des lois du marché et de l'aliénation générale.

HenriMesquidaJr
7
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le 18 févr. 2023

Critique lue 21 fois

HENRI MESQUIDA

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