L’auteur est psychologue de formation, conseiller conjugal et conférencier de profession. Le présent livre a été publié pour la première fois en 2006, date à laquelle Dallaire avait déjà 25 ans de bouteille. Dans son introduction, il rappelle la hausse du taux de divorce dans nos sociétés, et affirme que ce n’est :
Pas faute d’amour ou de bonne volonté de la part des deux partenaires […] Les causes sont variées et relèvent beaucoup plus souvent de la méconnaissance de la psychologie différentielle des sexes, de l’absence de certaines habiletés relationnelles et du refus de faire les efforts nécessaires à l’adaptation à la vie conjugale.
L’objet du livre est donc de synthétiser en 10 chapitres les difficultés que les couples peuvent rencontrer, les dynamiques dysfonctionnelles qui font de la relation un jeu à somme négative, et par contraste les traits saillants des couples durablement heureux (qui ne sont pourtant pas épargnés par les difficultés). Voici le sommaire :
- Le couple, un organisme vivant
- Amour et passion
- Les cinq étapes de l’évolution d’un couple heureux
- Mythes, illusions et fausses croyances sur le couple
- La schismogenèse complémentaire ou la cartographie des disputes conjugales
- Les crises du couple
- Surmonter les crises et les conflits
- Le couple, un projet de vie
- Les couples sexuellement heureux (par le Dr Catherine Solano)
- Les sept bases de l’harmonie conjugale
Quelques éléments de critique, d’abord dans les points positifs :
- Le style est accessible et pas trop dégueulasse (pour un livre de développement personnel), et d’un ton plutôt léger.
- L’essentiel des idées sont illustrées par des exemples concrets, donc c’est parlant.
- Beaucoup d’aspects différents sont évoqués, donc il y a toutes les chances que vous y trouviez quelques perspectives intéressantes pour votre cas particulier. Le conflit à proprement parler, mais plus largement la communication, les équilibres professionnels, domestiques, amicaux, sexuels des couples… Très riche.
- J’ai trouvé les positions de l’auteur à la fois pragmatiques et optimistes. Je ne trouve pas dans ce livre de quoi cultiver de la rancœur ou faire grossir les conflits (contrairement à d’autres recommandations en matière conjugales/amoureuses qui me semblent bien intentionnées mais potentiellement néfastes).
- De même, il ne rentre pas inutilement dans la polémique (sachant qu’il est par ailleurs investi dans le mouvement « hoministe » québécois), pense régulièrement à rappeler ce qui est évident mais va mieux en le disant… Donc je trouve que sa vision du couple, toute située qu’elle soit, est présentée plutôt humblement et paisiblement.
Dans les aspects négatifs :
- L’auteur se répète régulièrement (ça accélère la lecture cela dit).
- Je reste dubitatif face à certains arguments « neurocognitifs » ou évolutifs qui sont amenés de manière très vulgarisée (donc potentiellement simpliste), et sans source précise.
- Il manque à mon sens une prise en compte de la diversité des profils / personnalités (appelez ça comme vous voulez) des amants pour expliquer la dynamique du couple. Les deux variables principales sont le sexe (H/F) et la « maturité affective » (individu fusionnel / différencié). Sur une demie-page il évoque la caractérologie de Le Senne. Mais ça reste léger.
- Le propos du livre passera certainement à côté de certains : on est à des lieues du couple déconstruit, libre ou modèles alternatifs. L’auteur assume d’écrire pour la majorité des couples occidentaux du début 21e siècle (→ modèle hétérosexuel, où les deux conjoints travaillent tous deux, espèrent passer leur vie ensemble et éventuellement être parents).
Je trouve que c’est une lecture intéressante pour quiconque, célibataire ou en couple, en couple serein ou au bord de l’explosion. Ça se lit en diagonale, ça se picore, et comme c’est édité en poche c’est un investissement tout à fait raisonnable. Mon impression de lecture subjective sera donc un 8/10 – ce qui se traduit dans mon système de notation par « je recommande et j’y reviendrai » – objectivement ça vaut peut-être plutôt un 7, voire un 6/10 pour qui serait déjà bien renseigné sur la question ou très peu développement-personnel-réceptif.
Suit une petite fiche présentant l’architecture et quelques perles de ce livre.
Chapitre 1. Le couple, un organisme vivant
Ici, Dallaire insiste sur le fait que « Un plus Un n’égale pas Un », mais « Trois » : toi, moi et notre couple. Vivre son couple en imaginant qu’il s’agit de ne faire plus qu’un avec son partenaire, c’est être dans une logique fusionnelle, qui implique codépendance économique (dans le modèle traditionnel du breadwinner c’est flagrant) et/ou émotionnelle (c’est davantage vrai aujourd’hui que le précédent).
Il n’y aurait aucun problème si les besoins et désirs de chacun étaient identiques et se présentaient dans le même ordre de priorité. En fait, ils sont la plupart du temps identiques, mais se présentent rarement dans le même ordre de priorité.
Du coup, les couples fusionnels s’exposent au paradoxe de la passion :
D’un côté, un désir fondamentalement humain de fusion qui nous pousse à la recherche d’un partenaire et à l’établissement d’un couple permanent afin d’assurer la satisfaction de ce désir et d’une multitude d’autres. D’un autre côté, un désir tout aussi fondamental d’être différent, unique, autonome; un désir d’avoir une identité propre qui nous permet d’exister en tant qu’ autre et désirer fusionner avec un autre. La fusion ou la passion porte donc en elle-même le germe de sa disparition puisque lorsque satisfaite apparaît le désir d’autonomie qui porte en lui aussi le germe de sa disparition puisque lorsque satisfait revient alors le désir de fusion.
Si les couples heureux arrivent à gérer ce va et vient, les couples malheureux sont dans un déséquilibre permanent, où le plus souvent un partenaire prend le rôle du dépendant émotif, et l’autre celui du contre-dépendant (ou dominant). Dallaire souligne que les deux sont fusionnels : en effet, ni l’un ni l’autre ne supporte l’écart entre ses attentes et celles de son partenaire.
Tout se passe comme si chacun cherche à changer l’autre sans vouloir se changer lui-même. Chacun veut que l’autre s’adapte à son style […]. Chacun des deux partenaires, à cause de son immaturité émotionnelle, compte sur l’approbation de son conjoint pour transcender son anxiété et son insécurité.
Le secret est de trouver une « juste distance », qui permet de laisser vraiment la place à l’intimité, plutôt que de rechercher la fusion qui transforme le couple en terrain de lutte.
Chapitre 2. Amour et passion
Dans ce chapitre, une piqure de rappel bienvenue sur le fait que la passion n’est pas l’amour. Des aspects intéressants sur le pourquoi du « coup de foudre » (ça tiendrait aux phéromones émises par le partenaire). Ce n’est pas l’amour qui est aveugle, mais bien la passion. Apparemment, « on éprouve rarement de la passion pour des personnes que l’on connaît bien, au contraire de l’amour qui se développe souvent entre amis d’enfance ». Or « la passion a besoin de terres nouvelles à défricher », et les obstacles ne font que rendre plus désirable la personne convoitée.
⇒ La passion est intense et inconsciente. Mais elle ne dure qu’un temps.
D’où la nécessité de changer l’objet de la passion, en changeant de partenaire, où en rendant plus difficile la satisfaction du désir fusionnel, ce que font les couples malheureux en multipliant les sources de conflits et d’opposition : la réconciliation devient tellement excitante après avoir pris le risque de perdre l’objet de son désir.
L’amour est un sentiment beaucoup plus doux et basé lui aussi sur l’attirance physique puisque la première chose que l’on voit d’une personne est son corps. Mais l’amour englobe la tendresse qui se développe au fur et à mesure de l’apprivoisement de la personne aimée. Alors que la passion crée la dépendance, l’amour crée l’attachement, sentiment d’affection et de sympathie. L’amour, c’est ce qui reste une fois passée l’intensité de l’attirance physique initiale.
Il repose notamment sur l’admiration du partenaire, non pas de son image idéalisée (illusion de la passion, source de déception).
Deux personnes qui s’aiment partagent les mêmes projets, d’où la nécessité de confronter ses projets personnels à ceux de l’autre. Deux personnes qui s’aiment se regardent, mais regardent aussi dans la même direction. S’aimer, c’est planifier ensemble des projets communs.
La compatibilité objective des partenaires (émotionnelle, vis-à-vis des projets de vie) facilite donc le passage de la passion à l’amour. Moralité : dans une dynamique passionnelle, « les contraires s’attirent », mais dans une logique aimante, « ceux qui se ressemblent s’assemblent ».
Chapitre 3. Les cinq étapes de l’évolution d’un couple heureux.
- La lune de miel ou période passionnelle (dont la première phase, la séduction)
- La lutte pour le pouvoir ou période d’adaptation
- Le partage du pouvoir ou période de stabilisation
- L’engagement ou l’amour véritable
- L’ouverture sur autrui ou comment servir d’exemple
Ces étapes peuvent se superposer, ou même s’intercaler. Mais les couples malheureux dépassent rarement la deuxième étape. En effet, s’ils sont dans une logique passionnelle, les conjoints ont peur de se remettre en question et de concéder, ce qui serait vécu comme une défaite. Et ce d’autant plus qu’ils ont une faible estime d’eux-mêmes. Exemple : « Marie accuse Jean de ne pas être assez présent ; Jean accuse Marie d’être envahissante. Pierre reproche à Sophie de toujours compliquer les choses et Sophie reproche à Pierre de fuir la communication. ». Les couples formés de personnes bien différenciées, capables de prendre de la distance par rapport à eux-mêmes et leurs ressentis, qui peuvent reconnaître en eux-mêmes des besoins paradoxaux, sont susceptibles d’établir la « juste distance » pour que l’intimité se développe sans absorber l’un dans l’autre (→ étape 3 et suite).
4. Mythes, illusions et fausses croyances sur le couple
J’en donne surtout la liste, vous irez voir si ça vous intrigue :
▶ L’amour transporte les montagnes
▶ L’âme sœur tant espérée
▶ La bonne foi fait foi de tout
▶ Il faut se parler
▶ La résolution des conflits : éducation des enfants, budget familial, belles-familles, tâches ménagères, vie professionnelle versus vie privée, sexualité…
Les couples heureux ne cherchent pas à résoudre leurs conflits par la communication parce qu’ils ont appris que la majorité des conflits de couple est insoluble.
▶ L’illusion de l’égalité homme–femme
Croire que tous et toutes fonctionnent selon un même modèle est dangereux pour tout individu qui peut prendre pour une incapacité personnelle le fait de ne pas comprendre le langage de son partenaire ou qui peut être amené à accuser son partenaire de mauvaise foi puisqu’il l’imagine semblable à lui. L’existence de différences entre les sexes ne peut être utilisée pour asservir un sexe à l’autre.
▶ La « bienheureuse » infidélité (selon l’auteur tromper son partenaire, que ce soit sexuellement ou affectivement – avec un hobby, son travail – a toujours des effets délétères)
▶ L’amour rime avec toujours
▶ Le prétendu syndrome Mars et Vénus (selon l’auteur, l’idée que les conflits seraient inévitables à cause des différences homme-femme est erronée)
▶ Le match parfait
Pour former un couple heureux à long terme, il n’est point nécessaire d’être parfaitement sain, physiquement et mentalement. L’important est de trouver quelqu’un qui a des défauts qu’on peut tolérer.
▶ Le partage équitable.
Les membres des couples heureux ne comptabilisent pas ce que chacun fait. Chacun fait ce qui doit être fait parce qu’ils sont heureux et veulent continuer de l’être. Ce sont plutôt les couples malheureux qui imposent la formule « donnant-donnant » et qui expriment leur ressentiment et leur colère lorsqu’ils sentent que cet équilibre est rompu.
▶ Être toujours ensemble (parce qu'on s'aime, il faudrait tout partager, logique du 1+1=1)
5. La schismogenèse complémentaire ou la cartographie des disputes conjugales
Ça, c’est un des meilleurs chapitres du livre trouvé-je. L’auteur a trouvé la notion de « schismogenèse complémentaire » chez Gregory Bateson (école de Palo Alto, cf. Watzlawick) : c’est « la réaction en chaîne par laquelle la réponse de l’un à une action ou une parole de l’autre provoque des réactions de plus en plus divergentes ».
Plus l’échange avance, plus l’un et l’autre deviennent défensifs et attaquants. Plus l’un critique, plus l’autre se justifie, créant ainsi une situation où ni l’un, ni l’autre ne se sent respecté et, encore moins, entendu et compris […] Ces deux partenaires n’ont pas développé les habiletés relationnelles nécessaires pour exprimer leurs besoins et leurs attentes légitimes plutôt que leurs frustrations et émotions négatives. C’est la souffrance qui est à la base des comportements violents.
L’auteur relie cette dynamique divergente à des données physiologiques (qu’on pourrait aussi expliquer par la socialisation différenciée, ça ne change rien au constat) : si l’un des partenaires (plus fréquemment la femme) a besoin de communiquer, verbaliser ses émotions, alors que l’autre (plus souvent l’homme) a besoin de les agir, les partenaires ne partent pas sur la même longueur d’onde. De plus, en situation de stress, les femmes produiraient de l’ocytocine : une hormone qui pousse à se rapprocher de l’autre, à créer des alliances… Alors que les hommes, face au stress, produisent testostérone (montée d’agressivité) et vasopressine (provoquant une vasoconstriction et donc un sentiment de mal-être physique).
⇒ Dans un moment de crise, un partenaire cherche à se rapprocher de l’autre, à poursuivre la communication, obtenir une réassurance, là où l’autre cherche surtout à supprimer le danger (réflexe « fight or flight », combattre ou fuir). Un cercle vicieux peut se mettre en place, d’où le risque que les échanges en temps de crise tournent court.
Chapitre 6. Les crises du couple
- Le test de la réalité ou la « désidéalisation»
- L’arrivée d’un enfant
- L’emménagement et le déménagement
- Les changements de carrière ou les pertes d’emploi
- Les aventures extraconjugales
- La crise du milieu de la vie ou le démon du midi
- Le départ des enfants ou le syndrome du nid vide
- La mise à la retraite
- La maladie et la mort
Chapitre 7. Surmonter les crises et les conflits
Un autre très bon chapitre. Les couples heureux vivent les mêmes événements difficiles que les autres. Leurs membres ne sont pas plus intelligents, mieux formés en psychologie, médiation ou autres, ils ont eu leur lot de traumatismes, ont des intérêts très divergents… Mais ils durent. Pourquoi ?
▶ D’abord, ils ne tombent pas dans plusieurs « jeux » des couples malheureux :
- « Qui a raison, qui a tort » (logique passionnelle où chacun veut être validé par l’autre)
- Sa variante : « qui a commencé »
- « Si tu m’aimais vraiment, tu me comprendrais » ou « Si tu m’aimais vraiment, tu m’accepterais comme je suis »
Les membres des couples heureux ont cessé de remettre l’amour et la bonne foi en question à propos de tout et de rien et ils ont appris à faire la différence entre la personne et son agir […] Les couples malheureux associent les comportements à la personne et en plus ils prennent tous les commentaires de façon personnelle.
▶ Tous les couples sont menacés par « quatre cavaliers de l’Apocalypse » :
- La critique. Les disputes qui démarrent brutalement par des critiques personnelles, des sarcasmes, de l’ironie risquent fort de se terminer brutalement. Ce que l’auteur invite à distinguer du reproche, visant un comportement et non une personne.
- Le mépris, verbal ou non (ricanement, moue…). Il est « généralement le résultat de ruminations négatives au sujet de reproches ou de disputes antérieures. Il démontre de l’exaspération, laquelle prépare souvent le terrain au chantage ».
- L’attitude défensive. Dire que c’est celui qui critique qui est dans le tort parce qu’il critique : "pourquoi compliques-tu toujours tout ?".
- La dérobade. L’un s’emmure dans le silence, "cause toujours", ce qui exaspère encore plus l’autre.
Chez les couples malheureux, [les différences inévitables] alimentent des différends et ouvrent la porte aux quatre cavaliers qui finissent par prendre tellement de place que la seule sortie possible devient le désinvestissement émotif du couple. Devant la peur de la critique et du mépris, on apprend à marcher sur des œufs et à ne plus être soi-même, à ne plus être spontané. On s’écrase, on se résigne. Chacun s’évertue à présenter son point, personne n’écoute et personne n’en tient compte.
À l’inverse,
Les couples heureux apprennent à se disputer sans s’agresser et sans se manquer de respect, tout en cherchant à se comprendre mutuellement, ce qui n’est pas, somme toute, chose facile lorsqu’on sait que la majorité des problèmes conjugaux, je le répète, sont insolubles.
▶ D’où certaines règles pour « bien se disputer » :
- Commencer la discussion en douceur, respirer (surtout quand on se sent s’énerver), parler doucement
- Proposer de reporter la discussion si le ton monte, tout en proposant d’en reparler au plus tôt.
- Présenter la discussion comme une façon de mieux être ensemble.
- Se souvenir du principe de la "balle au mur" : la balle revient à la force avec laquelle on l’a jetée.
- Communiquer les besoins, désirs et attentes, et pas les émotions ou frustrations.
- Faire appel aux connaissances de l’autre (« qu’en penses-tu… ? »).
- Toucher son partenaire au cours de la discussion, avec tendresse.
- Éviter les sujets qu’on sait sources de mésentente permanente.
- Ne pas verser dans le sarcasme.
- Ne jamais dire « jamais » ou « toujours ».
- N’aborder qu’un seul sujet à la fois, ne pas profiter de la discussion pour vider son sac.
- S’il faut « crever l’abcès », se donner 5 ou 10 minutes chacun, et finir par « je t’aime quand même ».
- Laisser son partenaire s’exprimer jusqu’au bout.
- Poser des questions au partenaire, montrer qu’on s’intéresse à son vécu
- Ne donner son avis que s’il est demandé
- Exprimer de la compassion, même si on est en désaccord avec ce que l’autre exprime
- Se souvenir des différences (naturelles ou culturelles) entre chacun
- Ne jamais accuser l’autre d’être responsable de ce que l’on ressent
▶ Mais former un couple heureux, ce n’est pas juste se disputer respectueusement. Il y a quelque chose de plus profond, qui permet d’entretenir et raviver l’amour : une très profonde amitié, basée sur la connaissance mutuelle, le respect, la confiance à toute épreuve, et le plaisir de partager des choses.
▶ D’autre part, les couples heureux possèdent un « compte d’épargne émotif » positif : toutes les petites attentions quotidiennes, la tendresse nourrit ce compte. Quand vient la dispute occasionnelle, on ne tombe pas à découvert… Et même, se souvenant de ce passé positif, on peut passer sous silence une petite critique ou blessure reçue par l’autre. Elle sera vite recouverte par des actions positives, le "compte d'épargne" restant positif.
▶ Troisièmement,
Les couples heureux font contrepoids à l’escalade que l’on retrouve chez les couples malheureux en utilisant des techniques de désamorçage. Au lieu de mettre de l’huile sur le feu, ils l’éteignent en s’excusant, en faisant des blagues ou en donnant raison à l’autre.
▶ Quatrièmement, les couples heureux distinguent les problèmes solubles des problèmes insolubles et mettent l’accent sur le projet de vie du couple. Dallaire revient alors sur les différents problèmes classiques des couples et propose des pistes de solution assez concrètes et intéressantes :
- Établir une entente matérielle et financière.
- S’entendre sur les principes éducatifs
- Se protéger des belles-familles
- Faire du territoire commun un havre de paix
- Se donner des rendez-vous galants
- Travailler en équipe
Chapitre 8. Le couple, un projet de vie
Dans ce chapitre, l’auteur s’intéresse aux objectifs du couple. Quels besoins satisfait-il ? Un projet biologique (reproductif), un projet psychosociologique (besoin d’appartenance, d’aimer et d’être aimé, d’érotisme, de communication, d’entraide, de sécurité et d’évolution…), un projet d’épanouissement personnel (le couple favorisant l’acquisition d’un meilleur sens de l’identité, cf. les étapes de la vie d’Erickson), un projet pour réaliser d’autres projets.
Chapitre 9. Les couples sexuellement heureux (par le Dr Catherine Solano)
Dans ce chapitre, c’est une sexologue qui prend le relais. Après avoir déconstruit « trois idées toxiques sur la sexualité conjugale », elle donne des conseils pour l’entretenir, et pour surmonter les difficultés sexuelles quand elles se présentent. Ce chapitre contribue à rendre le livre encore un peu plus complet.
Chapitre 10. Les sept bases de l’harmonie conjugale
Ici, Dallaire synthétise son bouquin :
1. Vivre seul et heureux pour mieux vivre à deux (pour s’engager dans l’interdépendance et non la codépendance)
2. Le choix du partenaire approprié : la compatibilité (plus on est proches sur les plans physiques, sociaux, psychologiques, émotifs et spirituels, moins on a de chances d’avoir de conflits insolubles)
3. La connaissance des différences homme–femme (cf. plus haut pour voir en quoi il juge ça important)
4. Le sens des responsabilités (professionnelles, familiales, conjugales et privées ; afin de ne pas se servir de l’autre comme d’une béquille)
5. L’intelligence émotionnelle conjugale (ne pas laisser sensations et émotions prendre le dessus sur la raison – i.e. raisonner son cerveau « reptilien » et « mammalien »)
6. Les habiletés relationnelles (empathie, ouverture, affirmation de soi, optimisme)
7. L’art de la négociation
Contrairement à la croyance populaire, les couples heureux ne font pas de compromis ; ils seraient au contraire plutôt exigeants. Dans un compromis, les deux protagonistes cèdent un peu de terrain pour sauver la face, mais se retrouvent avec une position insatisfaisante pour les deux, une situation perdant–perdant.
Au contraire, il s’agit plutôt de trouver ensemble, face aux problèmes solubles, une solution qui satisfait les deux parties. En n’oubliant pas de l’évaluer et de la changer si besoin.
Conclusion
Pour finir, l’auteur a la bonne idée de rappeler qu’il existe des situations où il n’est plus possible de faire autrement que de quitter. « Tout couple vaut la peine d’être sauvé, mais pas à n’importe quel prix ». Je cite in extenso les cas évoqués :
1. Vous devez mettre fin à toute relation avec une personne hors d’atteinte, soit parce que votre amoureux est déjà marié, soit parce qu’il vous dit qu’il ne veut pas s’engager (croyez-le !) ou parce qu’il ne peut pas s’engager à cause d’un travail trop prenant. Ne faites pas comme l’une de mes clientes venue me consulter à 39 ans et à qui son amant promettait de divorcer depuis près de 15 ans.
2. Vous devez aussi divorcer si vous êtes sur des longueurs d’ondes tellement différentes qu’il n’existe entre vous aucun point commun, que la communication ne mène nulle part et que, finalement, vous n’avez pas, ou si peu, de plaisir à être ensemble.
3. Si vos besoins d’amour et de tendresse ne sont pas respectés, si votre partenaire rejette votre sexualité, s’il n’y a ni respect, ni honnêteté (des infidélités à répétition par exemple), si vous ne ressentez aucun soutien émotif ou concret, quittez !
4. Si vous avez l’impression que votre couple constitue un territoire dévasté où ne règnent que le vide, l’isolement, le manque, la distance... quittez !
5. Quittez aussi le couple qui n’est qu’un champ de bataille remplit de haine, de colère et d’insultes. À plus forte raison si vous êtes victime de violence psychologique, physique, sexuelle et économique ou si vous-même réagissez par de la violence psychologique, physique et sexuelle.
6. Quittez toute relation basée sur la manipulation par la jalousie (tu n’as pas le droit d’exister en dehors de moi), par la faiblesse (je ne suis rien sans toi), par le pouvoir (tu agis comme je veux, sinon je te quitte), par la servitude (je te suis tellement utile que tu ne pourras jamais me quitter) ou par la culpabilité (tout est de ta faute si ça ne marche pas entre nous). Il n’y a pas de place pour le chantage dans un couple heureux.
7. Et quittez aussi les relations où vous cherchez continuellement à vous convaincre que : • votre partenaire vous aime malgré sa froideur, • c’est tellement bon ce qui se passe parfois (mais rarement) entre vous deux, • vous vous disputez parce que vous vous aimez beaucoup trop, • l’amour n’est pas tout dans la vie, • c’est parce que l’autre a peur de l’intimité qu’il ne s’engage pas, • l’autre n’a pas appris à exprimer ses émotions, • vous croyez qu’il vaut mieux vivre malheureux à deux que malheureux seul.
Ce sont des rationalisations qui vous paralysent, qui vous font perdre votre confiance en vous, votre estime de vous-même et qui vous rendront malade, psychologiquement et physiquement, avec le temps. […]
Que vous vous reconnaissiez ou reconnaissiez certains des comportements de votre partenaire dans cette liste est tout à fait normal. Tout est une question de mesure. Si, par contre, votre partenaire correspond en tous points au portrait ci-dessus, vous avez une décision difficile à prendre. Pour vous assurer de prendre la bonne décision, posez-vous la question suivante : "Si la situation est toujours la même dans cinq ans, est-ce que je désirerai encore être avec la même personne ?"