J'aime à évoquer l'auteur(e) avant toute critique de son livre.
V.Zenatti, née en France, séjourne en Israël pendant huit ans, une expérience qui marquera son écriture, son identité, son inspiration, intime et collective dans un pays en guerre, guerre qui n'en finit pas.
Diplômée d'Histoire, elle apprend l'hébreu, romancière et traductrice hors pair notamment de l'oeuvre d'A.Appelfeld, grand auteur hébraïque du XXème siècle.
Autrice aussi de littérature jeunesse de renommée mondiale.
Son dernier roman, "Qui-vive" qui vient de l'expression "qui va là", introduit le personnage de Mathilde, elle vit à Paris, est mariée et maman d'une jeune fille. Prof d'Histoire-géo, son métier, une grille de lecture du monde, elle croit à la transmission.
On doit préciser que ce roman a été écrit avant les attaques du 7 octobre.
Et les dates sont importantes dans la conscience de notre héroïne, citons :
-2014, première invasion de l'Ukraine
-2015, attentats en France
-7 novembre 2016, mort de Léonard Cohen
-janvier 2017, élection de Trump
-2020, covid.
Tous ces évènements figés dans la mémoire de Mathilde provoquent chez elle, la perte de tous ses sens physiques, de tous ses repères et le sens de sa vie.
Elle devient insomniaque, cherche un nouveau souffle pour reconnecter son intérieur avec l'extérieur.
Sur un coup de tête elle part en Israël pour comprendre son mal-être dans ce désert tant convoité et déchiré.
D'origine juive, va t'elle trouver des réponses, elle qui n'est pas croyante.
Et dans ce pays du bout du monde, elle retrouve ses sens, perd un peu de sa fragilité, de son qui-vive au fil de ses rencontres inattendues dans ce lieu chargé d'Histoire, mélangé à toutes les sauces pour le meilleur et surtout pour le pire.
Et si Dieu n'existe pas ! qui peut prendre sa place ?
Peut-être les hommes et les femmes, celles et ceux que Mathilde rencontre dans son périple personnel.
Tout y passe même "La guerre des juifs" de Joseph Flavius, ah ces romains !
On pourrait investiguer à l'infini, où, comment, pourquoi...
Face au chaos du monde, elle se pose des questions existentielles, la fragilité, l'espoir face à la violence armée.
Tout n'est pas perdu, grâce à un fil rouge tissé par Mathilde (voir par l'autrice), je peux invoquer, réveiller, faire revivre un grand poète, Léonard Cohen.
Un fantôme bien vivant dans la quête du personnage, la vidéo d'un concert de l'artiste en 1972 à Jérusalem, concert qu'il interrompt parce qu'il ne veut pas tricher, pas chanter, trop bouleversé et écartelé dans ce conflit, pour lui, ses paroles ne sont pas audibles, il est en inéquation avec lui-même.
Sa réflexion accompagne Mathilde, les questions, les réponses se dérobent,
Dieu, l'amour et la vulnérabilité de la condition humaine.
Face à la violence et à la destruction qui habitent les hommes, la poésie.....
celle de Léonard Cohen, c'est sûr.