Voici venu le temps du monde aux enfants...
Quinzinzinzili est un roman post-apocalyptique de 1935.
A la suite d'un second conflit mondial, déclenché par une attaque japonaise sur Honolulu (une inspiration quasi visionnaire), la presque totalité de l'Humanité se retrouve anéantie. Le récit se concentre sur un groupe de survivants comptant un adulte et neuf enfants.
Le ton du roman est volontairement grinçant, provocateur, et rapidement, le lecteur est pris à contrepied. Non, le gentil monsieur ne va pas prendre en main les enfants qui sont le futur de l'Humanité.
Tout au contraire, il va laisser ces gamins (il n'y a qu'une fille) tous âgés de moins de quinze ans, se débrouiller seuls et observer, non sans cynisme, leur lente régression vers une société peureuse, superstitieuse et crétine.
Et on assiste donc, à travers le regard du seul adulte présent et ayant encore des souvenirs du "monde d'avant", à la naissance de la nouvelle Humanité, de ses rites, sa langue, ses bassesses aussi...
Véritable contre-utopie, Quinzinzinzili affiche haut et fort sa profonde conviction que l'Homme est mauvais, et que sa disparition n'est somme toute pas un si grand mal.
Messac avait voulu à l'époque (c'est ce que nous apprend la préface, à lire, comme toujours, après avoir fini le livre) provoquer pour faire réagir ses contemporains.
Son roman n'empêchera pas quatre ans plus tard le déclenchement de la vraie seconde guerre mondiale, et Régis Messac disparaîtra en déportation en Allemagne en 1945.
Reste un roman fort, intelligent et cynique, qui mérite amplement sa réédition.
Et le titre me direz-vous ? Et bien, je pourrais facilement vous éclairer, mais ce serait dommage de vous priver de la surprise, non ?