I va y avoir du spoil (mais reste tranquille).
Des faiblesses aux deux-tiers de Renegade's Magic (fin du tome 7 et début du tome 8) : ça manque de rythme, on ne sait pas trop où l'intrigue mène et elle perd un peu d'intérêt. Avec le chapitre « Danse » du t.8, les cartes sont redistribuées, le bouquin décolle et devient vraiment prenant, même si de la part de Hobb ça peut paraitre un peu facile (on efface tout, on recommence et cette fois tout marche !). Les dernières intrigues annexes gagnent de l'importance, ça sent la fin et le moment où tout devra se mettre en ordre de bataille pour le beau spectacle final où chaque élément de l'intrigue y trouvera son accomplissement. Le chapitre « Danse » c'est un peu la bande-annonce de Domino Day. Le coup de théâtre final ("Attachez-leee auuu trooonc !") est jouissif. Quelle esthétique incroyable, ce roman. Au début de ce tome je me disais que décidément, ça n'était pas aussi prenant que les sagas précédentes, que Hobb devait choisir entre une esthétique impeccable et une intrigue qui nous prend à bras le corps, qu'elle ne savait pas faire les deux, que la fin de l'histoire de Jamère manquait de rythme et d'implication. C'est vrai que l'intensité de la lecture de l'Assassin Royal est en partie absente pendant celle du Soldat chamane (essentiellement du fait des personnages, auxquels on ne s'attache pas immédiatement, totalement et éternellement comme dans l'AR). Mais l'échange en vaut la peine.
Le visuel de l'univers de Jamère est franchement envoutant. Intrigue vaste et puissante. Aucune concession faite au héros parce que l'intrigue ne doit se permettre aucune facilité. Hobb laboure profond, avec une application et une persévérance qui forcent le respect. L'impression que j'ai, c'est que cette rédaction n'a pas été une partie de plaisir. Ca ne se ressent pas à la lecture, il y a tout au plus quelques longueurs avant la fin comme je le disais, mais si je me mets à sa place, que je regarde toute cette rigueur qui m'attend pendant la rédaction de ces, quoi, 2300 pages ? je me dis que c'a été un acte courageux de se consacrer à ce projet (et que garder une telle de conduite en valait la peine). Chapeau l'ouvrière !
Peut-être quelques défauts du côté du, hem, post-dénouement : ça trainouille et c'est pas si crédible, cette histoire d'Amzil condamnée. J'aurais bien aimé que Hobb ait la force de faire de Jamère un héros tragique (au profit de Fils-de-Soldat), qu'il vive d'amour et de terre fraiche avec Lisana, c'aurait été tellement éloigné de ses premiers désirs d'avenir. Bon, tant pis.
Le dernier chapitre est tout en acceptation et en sérénité, et certains personnages (Sefert et Epinie) m'auront fait rire jusqu'à la dernière page. Gros happy end malgré quelques angoisses que je trouve assez implicatives (Jamère qui certaines nuits ressent un vide qu'il craint de devoir attribuer à sa séparation d'avec Fils-de-Soldat ; et l'angoisse du père). Mais j'apprécie quand même cette fin. J'aime bien quand Hobb me fait enfin revoir les rayons du soleil. C'est apaisant.