Inutile
Publié sur L'Homme Qui Lit : Vous vous souvenez quand je me plaignais d’enchaîner les bonnes lectures dans ma chronique du roman Le Dit du Mistral, et que je réclamais des lectures qu’on abandonne...
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le 29 nov. 2020
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Je pense n'avoir rien contre la fellation, mais il faut bien dire qu'après quarante pages de description de gorges profondes, de dissertation sur la profondeur de la sodomie et d'énumération des orifices de l'auteur ayant été touchés de près ou de loin par le sperme d'on ne sait quel néo-nazi gay, on se demande non seulement si l'on ne va pas se faire une ablation immédiate et sans anesthésie des testicules tant le sexe nous parait soudain sordide, mais surtout, et c'est peut-être la question principale, si la littérature est bien présente dans tout ça. Parce que si l'auteur a l'air d'écrire, non sans sincérité, il semble davantage confondre la subversion avec la vulgarité, le trash avec l'obscénité et aligne les poncifs avec une telle immaturité dans le style qu'on a l'impression de lire un manuel de la pensée d'extrême droite dissidente pour les Nuls ou, et c'est pire, une sorte de petit délire pervers et fantasmatique d'un bourgeois qui aime s'encanailler (pour rester poli) avec la finesse d'esprit et d'écriture d'un boucher en plein équarrissage. Malgré la présence d'une pensée plus ou moins populaire, plus ou moins récitée copieusement, plus ou moins pompée de chez Soral d'ailleurs (avec un personnage principal juif histoire d'être tranquille, sait-on jamais), il suinte de ce roman une telle condescendance, un tel profond mépris de classe que j'en ai avalé mon morceau de rôti de travers : à quoi bon faire une déclaration d'amour aux Gilets Jaunes pour ensuite faire une description immonde du Nord et de ses habitants qui aurait ravi un comité du MEDEF ? A quoi bon se faire le chantre du peuple pour lui cracher à la gueule à chaque fin de chapitre ? Le pire est encore qu'il y a parfois quelque chose de touchant dans cette histoire d'amour évidemment sincère, absolument toxique entre le narrateur et Harry, ce jeune garçon d'extrême droite au tempérament de feu, mais qui se complait rapidement dans une sorte de mélodrame improbable, grossier et disons le, vraiment grotesque. Je ne sais donc pas trop ce que j'ai lu, si c'était une autofiction romancée d'une passion tourmentée ou un tentative très maladroite de faire le portrait d'une jeunesse soi disant radicalisée en critiquant à tout crin un peu tout le monde comme un vulgaire troll de 4chan, se donnant des airs de romantique du XIXème ou de transfuge pseudo-révolutionnaire sans prise avec la réalité sociologique du pays et finalement assez plaintif, mais ce que je peux en dire, c'est que c'était diablement mauvais.
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le 22 mars 2021
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