Sur le papier, on a envie d’y croire. Même en regardant cette couverture flashy et criarde qui sera datée d’ici 2 mois. Peu importe, l'éditeur a en général de bonnes trouvailles et le sujet de quoi emballer le lectorat. Et des fées dominatrices pour conduire le monde : on dit oui ! Hé bien non. Il faut se cramponner au papier – plus encore qu’à sa licorne – pour ne pas lâcher l’affaire en cours de route… Forcé de constater qu’on a bel et bien à faire à une « Rainbow déception » tout autant qu’à une « Réac’ apocalypse » ! On se retient de pleurer devant le manque d’imagination de la narration et du discours ; du recours facile à la vulgarité parce que dans la "bouche" d'une licorne ça donne un effet so cool et décalé.

Une fois passé l’écran de fumée pailleté, il ne reste plus grand-chose de Rainbow Apocalypse qu’un roman qui se regarde égrainer les clichés et reproduire les aberrations de notre société sans rien en dire de plus, sans rien en critiquer véritablement. Les discours « décomplexés » s'y enchaînent : sans fond et notoirement réactionnaires.

Le périple de Sarah se voit donc jonché « d’emplumés », hérités de ces « pauvres mecs en sarouels » qui ont « miraculeusement survécus » alors que « beaucoup espéraient qu’ils disparaîtraient », ou de « blousons rouges », dignes représentants de l’ordre, de la ghettoïsation et du « c’était mieux avant » (qui ne sont pas tant récriminer, si ce n’est par leur position d’opposants lambda).

Le recours à la fantasy masque à peine l’apologie de la société de consommation et la volonté de sa survivance. Quant aux fées, leur prise de pouvoir n’a rien de révolutionnaire. Elle relève plus de la bague : comment est-ce que des êtres aussi illogiques (voire stupides), qui ont peur d’un livre de mathématique, ont-elles pu prendre le pouvoir ? Le coup de baguette ne sera ni magique ni féministe. La fin du récit nous laissera à penser que « tout va pour le plus mal dans le pire des mondes possible, mais qu’autant faire avec – tant qu’un peut s’en tirer individuellement. » Comme au pays d’Oz, si le magicien n’est pas bon l’illusion n’ira pas bien loin.

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le 12 juil. 2022

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