Suehiro Maruo est un artiste au style reconnaissable au premier coup d’œil. Si ses bandes dessinées ont beaucoup de choses à dire dans lesquels il se dégage une poésie et une ambiance unique, son art visuel dépasse les marges de la bandes dessinées. Maruo n'est pas seulement mangaka, il a illustré de nombreuses couvertures romans, CD et affiches de théâtres.
Ranpo Panorama est donc en quelque sorte un artbook présentant les différentes facettes de l'artiste. Le titre du bouquin réfère au romancier Ranpo Edogawa qui est une grande source d'inspiration pour Maruo. Ce dernier a d'ailleurs adapté en manga les romans de Ranpo Edogawa : « La chenille » et « l’Île panorama ».
L'ouvrage débute par une histoire courte adaptant un récit d'Edogawa, « Le nain qui danse » Cette histoire courte en trichromie (noir/blanc/rouge) date de 2010 et montre tout le talent des 2 auteurs pour dévoiler des facettes inavoués des Hommes au travers d'un style eroguro aussi magnifique que cruel. L'histoire est teinté de fantastique et ne manque pas d'humour. On est happé par l'inventivité visuel qui sers un récit glauque dans lequel un nain circassien martyrisé par ses pairs est en proie à ses désirs, son égo et l'horreur du monde qui est aussi la sienne. Un récit aussi court que fort.
La suite du livre se divise en deux parties différentes. L'une rassemble les illustrations faisant références à Ranpo Edogawa quand la seconde présente plus globalement le travail du mangaka.
C'est un vraie délice pour les yeux de pouvoirs profiter des illustrations couleurs de l’artiste dans une grande édition avec une belle qualité d'impression.
Le sens de la composition est fascinant quand le travail sur la couleur impressionne. Pourtant, ce qui m'a le plus interpellé est l’imagination sans borne de Maruo pour illustrer les corps, le désir, la violence et l'horreur. Bien sur, l'expérience de lecture étant principalement visuelle, elle est éminemment subjective.
Ranpo Panorama est un livre qui plaira aux adorateurs de Maruo, de Edogawa ou bien aux personnes qui aiment la beauté visuelle même lorsqu'elle peut être violemment dérangeante.